Autour du film The Asphalt Jungle
Quand la ville dort
~~~ A propos du film ~~~
Secrets de tournage ...
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et anecdotes
La thématique hustonienne
Sa première mise en scène, Le Faucon maltais (1941), le propulse d'emblée parmi les grands cinéastes. Cette adaptation introduit les thèmes récurrents auxquels s'attachera John Huston comme son goût pour les atmosphères crépusculaires, l'importance accordée aux personnages au détriment de l'intrigue, enfin le thème de l'échec. Il forge déjà un archétype du "loser" qu'incarneront remarquablement Sterling Hayden et Sam Jaffe dans Quand la ville dort (1950) ou, bien plus tard, Stacy Keach dans Fat city (1972).Un scénariste de génie
Avant d'être adapté au cinéma par John Huston, Asphalt jungle est avant tout un livre de W.R. Burnett, auteur considéré par certains comme un des plus grands écrivains de son temps. En 1929 sort Le Petit César, qui conte l'ascension et la chute du gangster Caesar Bandello. Best-seller immédiat, le livre est adapté au cinéma deux ans plus tard par Mervyn LeRoy. A partir de 1931, le romancier partage son temps entre le roman et l'écriture de scénarios. Dans la première catégorie, on peut retenir La Grande évasion. Côté Hollywood, Burnett participe notamment aux scénarios de Scarface de Howard Hawks (1931), Tueur à gages de Frank Tuttle (1942), La Grande évasion (1963) de John Sturges , ce dernier lui valant l'Oscar du meilleur scénario. Son style est caractérisé par une écriture nerveuse et un sens très précis du détail, ainsi qu'une grande économie verbale. Fait marquant pour John Huston, 20 ans avant Asphalt jungle, W R. Burnett adapte La Bête de la cité (1932) avec Walter Huston en tête d'affiche, son propre père.Un tournage inattendu
C'est faute de pouvoir tourner en temps voulu Quo Vadis?, dont le tournage est compromis en raison de la maladie oculaire dont souffrait Gregory Peck, que le producteur Arthur Hornblow Jr. et John Huston choisirent de porter à l'écran Quand la ville dort de W.R. Burnett dont Dore Schary avait acquis les droits avant même la parution du livre.Un cinéaste de conviction
Quand la ville dort demeure avant tout le film de John Huston, cinéaste de caractère et de convictions qui, fort de ses succès de ses films précédents (Le Trésor de la Sierra Madre), a su imposer ses choix pour le film. Ainsi, c'est lui qui a voulu dans le rôle principal de Dix Handley l'acteur Sterling Hayden, alors peu apprécié des studios et vivant en marge de ces derniers.Sterling Hayden délateur ?
Sterling Hayden, ancien combattant aux côtés des titistes yougoslaves pendant la guerre, a été la cible des anti-communistes les plus virulents d'hollywood. Pourtant il témoignera devant la commission des activités anti-américaine et s'en voudra toute sa vie.
Louis Calhern et Marilyn Monroe
Un acteur issu du muet
Issu du muet, Louis Calhern réussit sa conversion au parlant. Sa distinction lui vaut de jouer les méchants élégants, il est l'oncle véreux de Marilyn Monroe dans Asphalt jungle. On retient son interprétation de Jules César dans la pièce de Shakspeare filmée par Joseph L. Mankiewicz.Un contexte défavorable
Le film est réalisé en pleine période de chasse aux sorcières à Hollywood. La noirceur du film de John Huston en particulier et des films noirs de cette période en général exprime à sa façon l'ambiance de délation, de trahison et de réglements de comptes en tous genres qui a été celle des milieux du cinéma au temps du maccartysme.Un film sans personnage principal
Quand la ville dort commence par relier plusieurs individus entre eux autour du plan de Doc (brillamment interprété par Sam Jaffe), puis les rassemble au moment du casse et nous montre ensuite leurs destinées individuelles. C'est un film sans premiers ni seconds rôles, un film qui accorde autant d'intérêt à tous ses personnages, car leur être même rend raison aux événements. Ce sont donc des plans de détails qui construisent l'essentiel du film, la cohérence de sa signification.Deux scènes manquantes
Deux scènes manquent dans le montage définitif par rapport au livre de W.R. Burnett Burnett: l'interrogatoire de Doll au commissariat et la rencontre entre Emmerich et les représentants de la compagnie d'assurance. John Huston a certainement voulu, en les supprimant, renforcer la densité d'une intrigue dont chaque plan et chaque phrase de dialogue semblent indispensables.Un nouveau genre
Avec ce film se crée un genre, le caper movie (film de casse). (Dans un reportage de TCM, le réalisateur Alain Corneau utilise par erreur le terme de hold-up alors qu'il est en train de justement commenter les films de casse.)Pas de récompense
Le film a été nommé pour l'Oscar de la meilleure mise en scène et du meilleur scénario, et battu, les deux fois, par Eve. De même, Harold Rosson s'est vu préférer Robert Krasker pour Le Troisieme Homme et Sam Jaffe, George Sanders pour All about Eve.Les héritiers
Dans la postérité de John Huston s'engouffreront ceux qui se firent les héritiers du genre : en premier lieu Stanley Kubrick, auteur au tout début de sa carrière de deux des derniers films noirs majeurs, Le Baiser du tueur (1955) et L'Ultime razzia (1956), sorte d'hommage à Quand la ville dort puisqu'il raconte aussi, par le truchement de la voix off d'un journaliste, la préparation minutieuse et l'échec meurtrier et accidentel d'un cambriolage. En France, Jean-Pierre Melville, fasciné par le genre, y trouva la base de son cinéma en l'intégrant à sa conception épurée de la mise en scène.Les Remakes
Le film a fait l'objet de plusieurs remakes :
L'Or du Hollandais, réalisé par Delmer Daves (1958). L'intrigue est transposée dans un cadre westernien.
Cairo, de Wolf Rilla (1963). L'action se passe en Egypte, et raconte le vol des bijoux du musée archéologique du Caire.
Cool breeze de Barry Pollack (1972). Cette dernière version appartient à la mode "blaxploitation".
>> sources: wikipedia et allocine