Critique de Les hommes préfèrent les blondes
Article publié par Roy Neary
en ligne sur DvdClassik.com
Réalisé par Howard Hawks
Avec Jane Russel, Marilyn Monroe, Charles Coburn
Scénario : Charles Lederer
Direction musicale : Lionel Newman
Directeur de la photo : Harry J.Wild
Un film 20th Century Fox
USA - 88' - 1953
FPE / USA / 1953 / Couleur / 88 mn Zone 2
Format cinéma : 1.33
Format vidéo : 4/3
Langues : anglais, français, allemand, italien, espagnol en mono 2.0
Sous-titres : français, anglais pour malentendants, allemand pour malentendants, italien, espagnol, hollandais et 12 autres langues. Les paroles des chansons sont également sous-titrées.
Pas de possibilité de changer de langue ni de sous-titres en cours de lecture.
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La blonde Lorelei et la brune Dorothy sont deux artistes de cabaret à la beauté envoûtante. La première, matérialiste, est fascinée par l’argent et les millionnaires alors que la seconde cache un tempérament plus sage derrière une attirance pour les beaux mâles. Lorelei a jeté son dévolu sur un jeune héritier légèrement niais qu’elle doit épouser à Paris. Lors de leur traversée de l’Atlantique, la rencontre d’un vieux barbon richissime en diamants et d’un détective chargé de piéger la jeune fiancée vont faire vivre aux deux belles femmes des aventures cocasses et colorées.
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Diamonds are a Girl’s best friend, We’re just Two Little Girls from Little Rock, Bye Bye Baby… qui n’a pas en tête ces trois fameux standards de la comédie musicale, devenus des classiques de la culture musicale populaire du XXème siècle ? Si Les Hommes préfèrent les blondes ne compte pas parmi les comédies musicales comportant de nombreux tableaux dansants, l’œuvre reste toutefois rattachée à ce genre typiquement américain par ses chansons légendaires (la musique occupe tout de même plus d’un tiers du film), ainsi que par sa fraîcheur et sa légèreté de ton.
C’est la première fois que l’immense réalisateur Howard Hawks aborde la comédie musicale. Ce fut aussi la dernière car, bien que mélomane, le cinéaste avoua ne pas être à son aise dans le genre. Il laissera ainsi la Fox confier la mise en scène des numéros chantants et dansants au célèbre chorégraphe Jack Cole, qui imagina d’ailleurs une chorégraphie de la séquence des diamants jugée trop osée par le Studio (le spectateur ne perd toutefois rien au change car la scène, dans sa forme définitive, reste d'un allant, d’une grâce et d’une beauté affriolantes). Hawks ne mit jamais les pieds sur le plateau où se réglaient les chorégraphies. La réussite de ces scènes viendra alors de l’apport conjugué de Jack Cole, du chef opérateur et du monteur du film. La légende qui veut que Howard Hawks aie touché à tous les genres reste ainsi intacte, même si Les Hommes préfèrent les blondes demeurera le film le moins personnel du réalisateur. Ce qui n’empêchera pas Hawks d’ajouter son grain de sel à l’histoire, aux scènes principales et évidemment à la direction d’acteur.
Comme la majorité des comédies musicales, Les Hommes préfèrent les blondes est l’adaptation d’un succès de Broadway. Le spectacle qui devait donner lieu au film était l’un des plus grands triomphes de la scène à New York depuis 4 ans. Daryl Zanuck et Hawks choisirent Marilyn Monroe pour tenir le rôle de la blonde arriviste. Comme celle-ci n’était pas encore une vedette confirmée, Zanuck insista pour obtenir la déjà grande star Jane Russel, par ailleurs sous contrat avec le milliardaire démiurge Howard Hughes. Celui-ci exigera de la Fox d’engager également l’entourage de Russel ainsi que le chef opérateur Harry Wild qui composera une photographie sublime, en honorant le film d’un Technicolor éclatant, donnant un cachet presque irréel et onirique à une œuvre qui s’y prêtait parfaitement. Les deux comédiennes s’entendront à ravir sur le tournage et cette collaboration joyeuse illumine dans chaque plan du film. En outre, Jane Russel servira de relais à Howard Hawks vis-à-vis de Marilyn Monroe qui, parallèlement à une grande carrière d’actrice, entame également une carrière de diva capricieuse, caractérielle et malheureusement névrosée et peu sûre d’elle-même.
Sous l’impulsion de Howard Hawks et de la Fox, le scénariste Charles Lederer réécrit complètement l’histoire en ne gardant que les thèmes principaux ainsi que les deux personnages féminins d’origine, et en donnant à chacune d’entre elles un rôle équivalent. Hawks, surtout, va transformer une comédie légère et brillante en une satire des mœurs moderne, exercice dans lequel il excelle. La réalisation d’ailleurs n’hésite pas à user de quelques procédés burlesques, comme l’utilisation de bruitages fantaisistes ou la surimpression d’un gros diamant étincelant sur la tête de Charles Coburn pour appuyer jusqu’à la caricature l’avidité du personnage de Lorelei jouée par Marilyn Monroe.
Derrière la fantaisie et l’allégresse, il y a dans Les Homme préfèrent les blondes un véritable discours subversif sur le sexe et le pouvoir, ainsi qu’une misogynie latente appliquée gaiement, et non sans un certain sens de la formule. On retiendra par exemple le personnage du garçonnet héritier qui, par deux fois, lance des répliques piquantes et assassines quant à la condition féminine et au "magnétisme animal" de Marilyn, et cela avec l’aplomb d’un gentleman expérimenté sur la question. On ne peut s’empêcher alors d’entendre ici la voix d’un Hawks caustique comme à son habitude. On fait souvent référence au puritanisme qui imprègne profondément la société américaine et en particulier son cinéma. Il est bon de rappeler qu’il s’est trouvé des artistes au sein même de Hollywood pour contourner cette contrainte et se faire les commentateurs ironiques et avisés des mœurs contemporaines dans des comédies faussement ingénues. Si Lubitsch et surtout Wilder sont les principaux représentants de cette école joyeusement satirique, Hawks figure aussi en bonne place.
L’histoire des Hommes préfèrent les blondes met en présence une blonde éthérée, arriviste et sournoise, et une brune sentimentale au caractère bien trempé. L’une arborant une garde-robe rouge vif incandescent et donc le sexe en étendard, et l’autre cachant son mystère derrière un noir des plus exquis et langoureux. En quelque sorte deux facettes d’un éternel féminin se retrouvent incarnées en Monroe et Russel. Surtout que les deux personnages s’entendent parfaitement, agissent en complémentarité et resteront solidaires dans leurs aventures.
La satire atteint son apogée lors de la scène du procès, au passage complètement grand-guignolesque et totalement irréaliste, lorsque Jane Russel doit imiter Marilyn Monroe (l’histoire l’amène à prendre l’identité de son amie pour cette séquence). Forte d’une performance éclatante, Russel parvient avec jubilation à retranscrire les mimiques appuyées de Marilyn et l’attitude tentatrice, superficielle et fausse du personnage.
Cette vision semble certes un peu extrême, mais l’angle satirique adopté allié au rythme classique de ce type de réalisation contribuent idéalement à faire passer le message. Par ailleurs, les personnages masculins ne sont pas mieux lotis. Du benêt richissime au vieux pervers, en passant par le beau garçon manipulateur, leur traitement n’est pas moins burlesque et ironique. Le thème des fausses apparences est donc traité sur le même tempo et s’accorde parfaitement à la vision caricaturale qu’avait Howard Hawks de ce type de musical.
Derrière donc une comédie pimpante et millimétrée, faite pour distraire, un second film se fait jour. Une œuvre au vrai potentiel satirique, propice à l’énonciation de vérité bien senties sur les relations hommes/femmes, mais qui ne vient jamais se situer en porte-à-faux avec l’ambition légère de départ.
Une œuvre intelligente et enjouée qui, si elle ne permet pas de révéler toutes les richesses d’un cinéaste américain majeur, se révèle néanmoins être un pur joyau, digne des plus grandes réussites de l’usine à rêves hollywoodienne.
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Image : Une restauration bienvenue rend enfin justice à ce bijou de la comédie américaine.La copie présentée arbore une propreté exemplaire (malgré de rares imperfections et variations lumineuses), des contrastes saisissants et une belle définition. Les couleurs sont vivifiantes et idéalement saturées grâce à un magnifique Technicolor. Le grain cinéma est également présent et ne gênera que les rares personnes trop habituées au lissage excessif des images.
Son : La piste originale en mono 2.0 bénéficie d’une belle clarté. Les voix et les ambiances sont parfaitement intelligibles. On relèvera peut-être quelques variations d’amplitude, mais elles restent exceptionnelles. La piste française est bien plus étouffée, les voix ne correspondent pas aux personnages (sic) et les chansons sont traduites (resic). Mais est-ce vraiment d’une grand importance ?
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-La bande annonce (2’26’’), en noir et blanc, assez bruitée et tachée.
- La restauration du film (3’09’’): une comparaison avant et après introduite par un texte en anglais de 3 pages.
- Les Archives Movietone News (47’’): Marilyn Monroe et Jane Russel sont filmées par les actualités alors qu’elles impriment leurs empreintes sur le Hollywood Boulevard face aux fameux Chinese Theater.
- Une carte postale en couleur.
- Une affiche américaine en couleur.