Eté 1949 Tobey Beach - Marilyn par André De Dienes
Marilyn Monroe photographiée par André De Dienes
été 1949 - Tobey Beach - Long Island
Commentaires d' André De Dienes*:
Le téléphone sonna et Marilyn hurla dans le combiné "André, prenons des photos !" Elle m'expliqua qu'elle venait tout juste d'arriver et c'était son premier séjour à New York. Elle faisait une tournée dans tout le pays pour la promotion de "Love Happy". Elle criait "Prenons des photos demain ! Je te donne toute ma journée", avant d'ajouter "Tu n'aurais pas un joli maillot de bain que je pourrais porter ?"
Elle séjournait à l'hôtel Pierre, à quelques pâtés de maisons de mon studio. Le Pierre était l'un des palaces des plus chix de New York et elle n'avait pas les moyens de se l'offrir. Avec qui donc était-elle à New York pour dormir à cet hôtel ? Je décidai de ne pas poser de questions. Peu m'importait avec qui elle était venue et avec qui elle couchait.
Nous convîmes de nous rendre le lendemain sur une plage déserte de Log Island. J'achetai deux maillots de bain (un blanc, un rose), deux parasols et plusieurs écharpes en soie. (...) Je préparai également un panier de provisions et y glissait une bouteille de Cognac pour moi, pour me calmer les nerfs après la séance de pose.
Il n'était que 6 ou 7 heures du matin le lendemain, quand elle m'appela pour m'annoncer qu'elle avait magnifiquement dormi. Je n'oublierai jamais ce moment où elle est sortie de l'ascenseur de l'hôtel Pierre. (...) Elle avait une allure folle. (...) C'était la beauté la plus radieuse du monde !
C'était une journée d'été chaude et humide et quand nous arrivâmes, Jones Beach était déjà bondée. (...) Effarés, nous allâmes plus loin, jusqu'à une plage appelée Tobey Beach, qui était également noire de monde. (...) Le vent se leva, les nuages s'amoncelèrent et des éclairs traversèrent le ciel. Les baigneurs ramassèrent en hâte leurs affaires et déguerpirent. C'était comme si Dieu avait balayé la plage pour Marilyn et moi. L'orage passa et vers le milieu de l'après-midi, nous avions la plage pour nous. (...) Je pus travailler tranquillement au soleil dans cette lumière de fin d'après-midi que j'aime tant photographier.
J'avais amené avec moi mon petit chat persan gris car Marilyn avait insisté qu'il se sentirait seul dans le studio.
Quand je photographie quelqu'un, je lui parle beaucoup, presque sans interruption. Je donne des instructions, invente sans cesse des histoires pour entretenir l'intérêt de mon sujet.
Je demandai à Marilyn de flirter avec mon appareil photo, de m'aguicher en usant de tout son sex-appeal. (...) Marilyn était extrêmement coopérative, patiente, désireuse de me faire plaisir. (...) Je lui déclarai que mes photos d'elle dureraient pour l'éternité. Ce fut un moment heureux pour tous les deux.
Il y avait juste un petit problème. Les bonnets de son maillot de bain avaient une armature en métal qui lui écorchait les seins. Elle avait mal mais ne se plaignit pas.
Le lendemain, Marilyn donna la première et la plus importante interview de sa carrière.
*(source: coffret André De Dienes, Marilyn, publié chez Taschen en 2002)