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Marilyn Monroe
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29 décembre 2011

Marilyn for ever

logo_parismatchMarilyn for ever
Publié le 28/12/2011,
en ligne
sur parismatch.com

pm_divine 

Cinquante ans après sa mort en 1962, livres, films et albums vont ressusciter une actrice aussi intelligente que belle.
Catherine Schwaab - Paris Match


«Je dois toujours me battre pour qu’on me permette de faire ce que je veux sur un film ! Pourtant, je sais que j’ai raison ! » Comment faire ? Incarner les ravissantes idiotes et, en même temps, imposer sa pensée. « Pourtant je connais le cinéma mieux que n’importe qui, confiait Marilyn en 1959 à son cher amant danois, le scénariste Hans Jorgen Lembourn. Je sais exactement quels résultats suivront à l’écran, s’ils donneront l’effet attendu. Mais “ils” ne s’en aperçoivent qu’après la fin du tournage. Jusque-là, “ils” n’ont aucune confiance en ce que je veux. C’est pourquoi j’ai tant d’ennuis avec les producteurs, les réalisateurs et tous ceux qui ont leur mot à dire. »

Les producteurs ! En ces années 40, il fallait coucher pour arriver. Gironde et sans inhibitions, la mignonne avait déjà posé nue. Joe Scheck, de la Fox, fut le premier à repérer cette pulpeuse starlette peroxydée dans un bar de Hollywood. Marilyn : « On essayait de dénicher un vieux type, un gros bonnet du show-biz… » Joe est un ours de 70 ans qui a réussi dans les drugstores, un chauve à cigare qui ne lui demande guère plus qu’un déshabillage et une écoute, ce qu’elle fait très bien. « Enfin… Quelquefois, il me demandait de m’étendre sur lui… J’avais l’impression que ça durait des heures. Il ne se passait rien du tout, mais je n’osais pas dire non. Il aurait été fâché. » C’est tout elle ! Gentille et pragmatique. Pleine d’espoir, elle revenait le voir dans sa somptueuse villa. « En plus, la nourriture était si bonne ! » Scheck finira par lui présenter Harry Cohn, chez Columbia. Un type grossier et puissant, qui consomme les aspirantes et n’en élit qu’une poignée. C’est ainsi que Marilyn décrochera un rôle dans « Ladies of the Chorus ». Elle y incarne la « typical success story » américaine : une ­danseuse-chanteuse rencontre un homme très riche, et l’amour triomphe de toutes les barrières sociales.

«Elle se savait exceptionnellement douée pour créer des images»

Au fond, c’est ce dont la midinette abandonnée par son père et sa mère a rêvé toute sa vie : s’unir à un homme qui l’élève au-dessus de sa condition, balaie ses peurs. Elle y est arrivée, sans pour autant trouver la sécurité intérieure. Il faut dire qu’elle avait beaucoup de traumas à liquider, entre la folie de sa grand-mère puis de sa mère – qu’il a fallu interner quand la petite avait 4 ou 5 ans – et un abus sexuel à 9 ans dans une famille d’accueil, sans parler d’un inextinguible besoin d’amour. La gamine, murée dans sa solitude et sa timidité, avait aussi quitté l’école à 15 ans pour travailler comme ouvrière chez Lockheed, à la confection des parachutes. De quoi se trimballer de sacrés manques. Mais elle a sa beauté. Enfin, beauté, pas exactement. ­Aujourd’hui, on la trouverait trop ronde, trop petite, un nez un peu fort… Mais aujourd’hui comme hier, n’importe quel ­photographe saurait capter son incroyable photogénie. Eve Arnold se souvient de ses shootings : « Elle se savait exceptionnellement douée pour créer des images, et elle adorait ça. Elle pouvait être une Marilyn différente avec chaque photographe. Elle imposait elle-même ses besoins, ses humeurs, son érotisme, travaillait rapidement. Quand ça marchait, les expressions se succédaient sur son visage, son corps ondoyait… »

Ça marchait souvent mieux que sur les plateaux de cinéma où elle débarquait avec deux, trois, quatre heures de retard, compromettant la production ; elle peinait à mémoriser son texte, incapable de se concentrer. Mais, comme l’a dit Clark Gable, son « daddy », son partenaire dans « Les désaxés » : « Quand elle est là, elle l’est à 100 %, elle donne tout »... Et bluffe le plateau par son talent autant que par sa gentillesse attendrissante. Car on n’a jamais vu une blonde ressembler aussi peu à une blonde. Ni garce ni bêtasse. Juste libre. Si proche de ses émotions, si près des larmes, si vite blessée, si vite reconquise. Une sensibilité d’enfant dans un corps de bombe sexuelle. Avec, dans le sang, un sens érotique spontané, sans calcul. D’ailleurs, sa couturière, Lena Pepitone, qui l’a accompagnée durant les cinq dernières années de sa vie, a eu le choc du siècle quand elle est venue se présenter à elle : dans l’appartement new-­yorkais où elle habitait avec Arthur Miller, sur Sutton Place, Mme Monroe lui est apparue nue comme un ver ! Même pas voilée d’un déshabillé de soie qui aurait glissé en route dans un effluve de Chanel N° 5. Non, ce jour-là – et beaucoup d’autres plus tard –, Marilyn était en tenue habituelle, pas maquillée, pas douchée, cheveux en bataille qui nécessitaient un shampooing.

Même à ses débuts, la tapageuse Madonna n’aurait pas osé. Lady Gaga ? Encore moins. Marilyn n’était ni une provocatrice ni un phénomène marketing. Sa nudité n’avait rien d’affecté. Pas plus que son aversion pour les sous-vêtements. Non, on n’est pas dans « Basic Instinct », et Marilyn n’est pas Sharon Stone. Simplement, les slips et les soutiens-gorge l’entravent et font des marques sous le fourreau moulant. Il faut rappeler que la lingerie de l’époque, c’est baleines, fibre épaisse et gros élastiques. Et confirmer une rumeur persistante : oui, Marilyn se teignait les poils du pubis. Avec deux brosses à dents, malin !

Quant à vivre nue, n’exagérons rien : c’est lorsqu’elle reste à la maison entre deux films, deux cours à l’Actors Studio, deux rendez-vous avec son agent, ou deux consultations avec son psy qu’elle voit plusieurs fois par semaine. Quand elle dîne avec Arthur, madame porte une simple robe en éponge blanche. L’endroit n’a rien d’un appartement de tycoon. Moquette ivoire un peu tachée, meubles crème pas très nets, pas de bibelots. La résidence comporte un espace pour chacun. Monsieur a son bureau-bibliothèque à double isolation ; madame, une chambre à coucher pas du tout coquette, mais avec une paroi entièrement recouverte de miroirs. Lena Pepitone : « Elle s’y observait à la loupe des journées entières. » Ventre, fesses, seins… Ultra-gourmande, elle faisait du yoyo avec son poids, entre 50 et 70 kilos pour 1,66 mètre. Lena passait son temps à élargir les coutures de ses rutilantes robes du soir. « Elle se réveillait tard, vers midi, buvait des Bloody Mary avec ses œufs brouillés, ­demandait parfois des côtes d’agneau. Mais ce qu’elle préférait, c’étaient mes spaghettis à la tomate. Avec du champagne Piper-Heidsieck. » De quoi faire craquer ses légendaires pantalons et ses chemisiers de soie blanche, qu’elle nouait à la taille ou ne boutonnait qu’en bas. Aujourd’hui encore, avec des ballerines ou des talons aiguilles, on n’a rien trouvé de plus sexy.

Lena Pepitone a vécu la déliquescence du couple, les crises de larmes et la terrible solitude de Marilyn. Elle se souvient de ses tentatives désespérées pour faire sortir Arthur Miller de sa tanière...Point final

 Retrouvez la suite de l'article et les images de la légende Marilyn dans le Paris Match n° 3267, en vente cette semaine dans tous les kiosques.
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