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Divine Marilyn Monroe
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Marilyn Monroe
1926 - 1962

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3 août 2012

Marilyn Monroe, histoire d'un mythe

 logo_express_cultureMarilyn Monroe, histoire d'un mythe
Par
publié le 3 août 2012
en ligne sur lexpress.fr

 C'est une marque déposée. Un totem sexuel. Le sujet inépuisable d'études romanesques ou de reproductions commerciales. Elle est ce que l'on veut qu'elle soit... ll y a 50 ans, le 5 août 1962, disparaissait Marilyn Monroe.

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Marilyn Monroe, initiales M.M. 

C'est une marque déposée. Un totem sexuel. Le sujet inépuisable d'études romanesques ou de reproductions commerciales. Marilyn Monroe est ce que l'on veut qu'elle soit. Actrice et chanteuse. En robe lamée couleur chair ou jean moulant et chemisier de soie. Garce torride ou enfant perdue. Quand ce n'est pas les deux à la fois: "Je suis instable, je le sais, reconnaissait-elle. Je voudrais trouver l'amour, mais je sacrifie tout à ma carrière. Je souhaiterais jouer de grands personnages, mais je suis incapable de mémoriser mes textes. Je suis une star, mais les studios me haïssent." Lucide et désespérée, elle ne pouvait s'empêcher d'atténuer ses souffrances en s'enivrant d'alcool, de médicaments et d'amants, pour mieux abolir les barrières entre ses illusions et la réalité.


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 Marilyn Monroe et Richard Allan dans Niagara d'Henry Hathaway (1953).

Au lendemain de sa disparition, le 5 août 1962, la photographe Eve Arnold, qui l'avait si longtemps sublimée en déesse de l'amour, en faisait le constat, désolée: "Marilyn s'est noyée dans son propre rêve." Elle était pourtant née au coeur de cet eden qu'elle avait caressé. À Hollywood. Mais du mauvais côté d'une barrière qui vous fait contempler de loin les étoiles sans jamais les toucher. Coeur d'artichaut et monteuse à la RKO, Gladys Monroe ne doutait pas qu'elle puisse échapper à la règle. La jeune femme avait eu deux enfants d'un nommé Baker, parti avec leur progéniture sans laisser d'adresse. Dépourvue de remords, elle s'était alors éprise d'un immigré norvégien, Edward Mortenson, boulanger itinérant qui reprit la route en apprenant sa grossesse. Fruit de leur amour de misère, une petite fille avait vu le jour le 1er juin 1926. Boucles châtain, yeux gris bleuté, Norma Jean idéalise son père sans le connaître. Toute gosse, elle se plaît à l'identifier, sur la foi d'une vague ressemblance photo, à Clark Gable. Le pli est pris. Entre Gladys et son amie, tante Gracie, la gamine arpente Sunset Boulevard et s'imagine laissant ses empreintes dans le ciment du Grauman's Theater. Elle ambitionne aussi de parcourir, nue, le vaste monde. Le temps de comprendre la cruauté des hommes, elle se retrouve, grelottante, pupille du comté de L.A., séparée d'une mère parano et dépressive internée en maison de repos. Parce qu'elle en est privée, la petite Norma Jean visite, le long de nuits sans sommeil, d'étranges familles d'accueil. Ballottée, elle reçoit, au passage, l'attention particulière de pères d'adoption pervers. Il lui en restera, à vie, un bégaiement traumatisant et, longtemps, un effroi pour l'acte de chair contrastant avec son apparence légère.

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Marilyn Monroe et Tom Ewell dans Sept ans de réfexion (1955).  

L'EXHIBITIONNISTE INACCESSIBLE

Faussement offerte, l'orpheline malgré elle a, en effet, conscience de sa séduction. Jouant, gage innocent d'affection, de ses appas dès l'âge de 12 ans, accoutumée à la puberté aux rendez-vous galants, elle sort mais ne couche pas. Norma Jean n'est pas Messaline. Son entourage ne le comprend pas. Pour couper court aux rumeurs et aux menaces d'un retour à l'orphelinat, on la marie, à 16 ans, à Jim Dougherty, brave gars qui pense épouser la version femme au foyer de Miss America. Potiche aux fourneaux, Norma Jean ne sait pas même faire cuire un oeuf au plat. En revanche, ce dont elle use admirablement bien, c'est d'un sex-appeal consommé. Suivant Jim, enrôlé sur la base de Catalina Island, elle s'y pavane à la moindre occasion, roulant des hanches, vêtue de sweats moulants et de jupes échancrées. Dougherty réalise. Un peu tard. "Elle savait qu'elle avait un corps magnifique, dira-t-il. Elle savait que les hommes l'aimaient et il ne lui déplaisait pas de se dévoiler légèrement." Exhibitionniste inaccessible, la belle ne dément pas: "Cela m'est égal que le monde soit fait pour les hommes tant que je peux y être femme." Sa profession de foi lui brûle pourtant les doigts. Décidée à s'affranchir d'un carcan étouffant, Norma Jean quitte son usine d'armement et pense devenir modèle après avoir allumé l'objectif des photographes militaires.

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Marilyn Monroe et Brad Dexter dans Quand la ville dort de John Huston (1950).

Remarquée par une agence de Beverly Hills, elle rompt les amarres avec Dougherty et accepte, contre son gré, de se faire décolorer en blond platine ou doré avant de trouver un nom de cover-girl pour magazines. Marilyn Monroe devient, en fait, son personnage. Séance photos pour Halsman et Lifeau milieu de sept autres starlettes. Repérage d'un expert en la matière -Howard Hughes- qui la conduit au premier bout d'essai réalisé clandestinement à la Fox. Chef op chevronné, Leon Shamroy flaire l'affaire: "Je fus pris d'un frisson. C'était la première fille qui ressemblait à ces luxuriantes stars du muet. Chaque image de l'essai irradiait la sexualité. Elle n'avait pas besoin de son pour raconter une histoire." Patron de la 20th Century Fox, Darryl Zanuck n'est qu'à moitié convaincu. Il l'engage tout de même. On la distribue négligemment dans quelques bandes sans intérêt. Leçons de chant et de comédie, mais au bout d'un an la Fox ne renouvelle pas son contrat. Idem à la Columbia. Monroe déprime. Accepte, vieux fantasme, de poser nue pour survivre. On lui ressortira les clichés scandaleux à l'heure des premiers box-offices.

En attendant, Marilyn se trouve un mentor: vice-président de la William Morris, Johnny Hyde relance sa carrière. Fou d'amour, le ponte hollywoodien obtient pour elle de petits rôles dans de grands films, chez Huston et Mankiewicz. Le décès brutal de l'amant Pygmalion la laisse sans repères. De fait, la Fox, qui l'a récupérée, ne sait que faire de la blonde incendiaire. Marilyn désespère: "Je ne trouvais pas le moyen de faire une percée. M. Zanuck m'apparaissait la nuit dans mes cauchemars. Je me réveillais le matin, décidée à amener M. Zanuck à m'apprécier, et j'essayais de le voir pour en parler, mais il ne me le permettait pas." Si Darryl résiste à la starlette complexée qui se pique de suivre des cours d'art et de littérature à UCLA, les distributeurs, piqués au vif par la curiosité d'un public la plébiscitant comme une nouvelle Betty Grable, commencent à renvoyer au studio l'écho d'une popularité grandissante.

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Marilyn Monroe dans La rivière sans retour d'Otto Preminger (1954).

L'EMMERDEUSE PERFECTIONNISTE

Lors du tournage de Chérie, je me sens rajeunir, qui la voit faire jeu égal avec Cary Grant, Marilyn rencontre le champion de base-ball Joe DiMaggio. Il la trouve sensuelle et soumise. Elle ignore tout du sport. Il s'enflamme. Elle s'attache. Le malentendu est consommé sur le tournage de Niagara, film noir en couleur qui révèle son talent dramatique. 1952 est son année. Elle en a conscience lorsque, à l'issue des Hommes préfèrent les blondes, elle pose, en compagnie de Jane Russell, ses mains dans le plâtre humide du Grauman's Theater. Un rêve d'enfant passe, même si Gladys et tante Gracie ne sont pas là pour en témoigner. Après avoir affirmé que les diamants sont les meilleurs amis de la femme, elle enchaîne les succès, d'aimables pochades (Comment épouser un millionnaire) en semi-navets (Rivière sans retour). Combinant déhanchement ondoyant, voix susurrante et suave, son jeu plaisant, mais encore limité, dégage un érotisme torride comparé, par le producteur Jerry Wald, à une sexualité mise en bouteille: "Elle en laisse sortir une certaine dose quand elle en a besoin pour une scène; après quoi, elle remet le bouchon et range le flacon."

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Marilyn Monroe, Betty Grable et Lauren Bacall dans Comment épouser un millionnaire.

La rupture survient avec Sept ans de réflexion. La scène de la bouche de métro ayant provoqué l'ire du macho DiMaggio, Marilyn en profite pour s'envoler vers New York. Cours à l'Actor's Studio, choix d'une coach-gourou, Paula Strasberg, omniprésente; Monroe s'évertue à changer d'image, applique à son instabilité un vernis intello, fréquente le dramaturge Arthur Miller. Athlétique, froid, raisonné, ce dernier se laisse séduire. Marilyn, de son côté, pense l'heure venue. Apprenant à cuisiner kasher, à jouer la tragédie -dans l'émouvant Arrêt d'autobus-, elle imagine ne plus avoir de comptes à rendre à son passé. Un échec cuisant -Le prince et la danseuse- et deux fausses couches plus loin, Norma Jean la rattrape. Plus que jamais dépressive, elle se laisse néanmoins convaincre par Miller de jouer dans Certains l'aiment chaud. Le tournage de ce qui devait rester son meilleur film tourne au cauchemar. L'emmerdeuse perfectionniste vire névrosée et rend folle l'équipe. Jack Lemmon, l'un de ses partenaires, s'en souviendra longtemps: "Elle était malade à l'époque, mais nous ne l'avons su qu'après. Dans une scène, elle devait frapper à la porte, entrer et demander: "Où est cette bouteille de bourbon?" Puis elle l'apercevait, disait: "Oh, la voilà" et la prenait. C'était tout. Neuf mots. Avec Tony Curtis, on a pris les paris. Il a fallu quarante-huit prises!"  


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 Les Désaxés de John Huston (1961).

À la sortie du film, son auteur, Billy Wilder, ironise: "Je ne tournerai plus avec elle. J'en ai parlé à mon homme d'affaires et à mon psy qui m'ont dit que j'étais trop vieux et trop riche pour recommencer cela." Mais à l'écran, rien ne transparaît. Triomphe artistique et financier, Certains l'aiment chaud grille pourtant Marilyn aux yeux de la profession. Du Milliardaire, où elle vit auprès d'Yves Montand une passade, aux Désaxés, qui la voit rompre avec Miller, en passant par sa liaison contrariée avec le Président Kennedy, la chute est programmée. Le capotage de Something's Got to Give, au printemps 1962, semble, paradoxalement, marquer une rémission. Résignée à entamer une nouvelle phase de sa vie, Marilyn n'avait vraisemblablement pas choisi de se suicider un petit matin d'été. Qu'importent, au fond, les rumeurs qui, depuis, se sont succédé. Loin de ses ultimes tourments, Marilyn Monroe, ange émouvant et troublant de l'ère Eisenhower, manipulatrice fragile et naïve, demeure, pour longtemps, seule avec son aura et ses mystères.

2 août 2012

Le Nouvel Observateur 2/08/2012

lenouvelobs_coverLe magazine français Le Nouvel Observateur n°2491, paru le 2 août 2012 consacre un article de 4 pages à Marilyn Monroe (chapitre 4, par François Forestier).
 prix: 3,50  


Marilyn Monroe, ange et démon
Par François Forestier
en ligne
sur nouvelobs.com  

Avec "Le Prince et la Danseuse", le conte de fées de Marilyn Monroe, dont on commémore le 50e anniversaire de la mort, tourne au cauchemar.

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Une collection unique de près de 4.000 photographies de Marilyn Monroe, dont certaines jusqu'à présent non publiées, sera exposée en août en Pologne avant d'être mise aux enchères, a indiqué vendredi le quotidien Gazeta Wyborcza. (c) Afp

Marilyn, vêtue d'une robe sombre en velours, le cou orné d'une rangée de perles, descend l'escalier de marbre blanc. C'est une apparition magique. Laurence Olivier la prend par le bras, la mène vers son fauteuil. La conférence de presse pour annoncer le tournage du "Prince et la Danseuse" est prometteuse : Laurence Olivier, le plus grand acteur du monde, et Marilyn Monroe, la femme la plus célèbre du cosmos. Merveilleux casting.
Les journalistes, hypnotisés, demandent à Marilyn : "Vous allez continuer avec l'Actor Studios ?" Elle bat des cils, sa gorge palpite. Elle répond : "Je voudrais me développer de toutes les façons possibles." Silence. Laurence Olivier prend la parole : "Miss Monroe a un talent... Mmm... Extraordinaire pour vous faire croire une minute qu'elle est une petite chose coquine et, la minute suivante, vous convaincre qu'elle est une ravissante idiote", dit-il. Les photographes shootent au niveau du genou, espérant prouver que Marilyn ne porte rien sous sa culotte. L'atmosphère est électrique. Soudain, la bretelle de la robe de Marilyn cède. La salle devient dingue. Marilyn se rajuste, gênée, innocente, rougissante. Une assistante apporte une épingle de nourrice. Marilyn la lui a remise juste avant l'"accident".

"Fais comme si tu étais une bouteille de ketchup"

Depuis qu'elle est tombée sous de l'empire de Lee Strasberg, le gourou de l'Actor Studio, Marilyn s'emploie à devenir une tragédienne. Elle répète Eschyle, martèle Shakespeare, énonce James Joyce. L'épouse de Lee, Paula Strasberg, une sorte de sorcière adipeuse en djellaba noire et éternellement coiffée d'un chapeau de paille, cornaque Marilyn tout le temps, à prix d'or - 1 500 dollars la semaine. Les metteurs en scène deviennent fous, de voir cette ombre sinistre souffler des âneries à l'oreille de la blonde. "Fais comme si tu étais une bouteille de ketchup" ou "imagine une brosse à dents très sale", voilà les indications scéniques de la Strasberg.

Le précédent réalisateur de Marilyn, Joshua Logan, a failli verser dans la rage baveuse, pendant le tournage de "Bus Stop". Maintenant que la star est sa propre productrice, personne ne peut plus la contredire. Elle navigue entre son psy et son médecin, et fait des efforts pathétiques pour plaire à son nouveau mari, Arthur Miller, auteur dramatique en vogue. Lequel est empêtré dans ses déclarations devant la Commission des Activités anti-américaines. Soupçonné d'être communiste, il est invité à balancer des noms, comme son ex-ami Elia Kazan. Il ne le fera pas. Il finaude, se dérobe, a signé une pièce anti-McCarthy, "Les Sorcières de Salem". Cet intellectuel avec cette blonde ? C'est l'union de la Belle et de la Bête, daube la presse.

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  Laurence Olivier à Marilyn : « Soyez sexy. » Catastrophe : c'est exactement ce qu'elle ne veut pas entendre. © DR  

Quand Marilyn et Miller sont arrivés en Angleterre pour « Le Prince et la Danseuse », ils ont été accueillis comme des seigneurs. Flanqués de quatre motards, ils ont été déposés à Parkside House, un manoir géorgien qui jouxte le palais de Windsor. Onze chambres à coucher, un parc privé, une armée de valets, thé à tous les étages. Mais la réception fastueuse masque le mépris de Laurence Olivier pour le maigre talent de dramaturge de Miller. De plus, Olivier est noyé dans les problèmes que lui pose son épouse, la sublime Vivien Leigh, qui le cocufle allégrement avec un autre acteur, Peter Finch, avant de s'offrir, nue sous un manteau de fourrure, au premier passant venu. C'est que lady Olivier a sombré dans une schizophrénie agressive. Sir Laurence, qui doit interpréter le rôle principal et mettre en scène le film, compte sur Marilyn pour redorer son blason. Il est sous le charme, absolument.

Tandis que Miller se met à écrire une adaptation de l'une de ses pièces, Marilyn se rend à l'essayage. Elle est dans son état non-Marilyn : blême, le cheveu gras, le regard égaré. Laurence Olivier est stupéfait. Derrière elle, à trois pas, Paula Strasberg. La magie s'effrite instantanément. On débarbouille l'actrice, on la maquille, on l'éclaire. Ouf, c'est réparé. Le conte de fées entre le grand-duc Charles de Carpathie et la danseuse Elsie, surnommée The Coconut Girl, peut commencer. Mince histoire d'amour, dans la tradition des pâtisseries viennoises - tout repose sur la légèreté, la drôlerie, la vivacité. C'est ce que Laurence Olivier essaie d'expliquer à Marilyn. Celle-ci le regarde comme une huître morte. Paula Strasberg murmure à l'oreille de l'actrice. Sir Laurence se contient pour ne pas faire expulser cette Carabosse. Le 30 juillet 1956, le tournage débute. Marilyn arrive une heure en retard. Le deuxième jour, deux heures. Le troisième… Les acteurs anglais sont ponctuels, connaissent leur texte, n'ont pas besoin de se chauffer comme les derviches de l'Actors Studio. Laurence Olivier se consume de colère. Marilyn, elle, pense qu'au contact de ce shakespearien renommé un peu de son éclat va déteindre sur elle. C'est son obsession. Le soir, avec Arthur Miller, elle ne songe qu'à sortir de son rôle de bimbo. Son mari l'observe avec dépit : il a épousé la plus belle créature du monde, il se retrouve avec une névrosée bourrée de pilules, torturée par son image, dévorée d'angoisse, agressive, agaçante. Il espérait être avec Marilyn, il est avec la Poison.

Laurence Olivier, costumé en aristocrate d'opérette, se tourne vers Marilyn et, juste avant que la caméra ne se mette en marche, lui dit : « Soyez sexy. » Catastrophe : c'est exactement ce qu'elle ne veut pas entendre. Elle est donc utilisée, une fois de plus, pour sa sensualité ? Pas pour son talent ? Elle fuit, s'enferme dans sa loge, appelle Lee Strasberg à New York, pleure la nuit, tempête dans les onze chambres à coucher, rage. On s'est moqué d'elle. Miller se cache la tête sous l'oreiller. Elle ouvre le carnet de notes de son mari, lit : « J'ai pensé avoir épousé un ange, je me suis trompé. » Là, Marilyn craque complètement. Elle a déjà été abandonnée par son père, par sa mère, par son producteur, par ses deux premiers maris. On la laisse tomber une fois de plus ? Miller repart aux Etats-Unis, pour apparaître devant les inquisiteurs. Marilyn avale des poignées d'anxiolytiques et boit du champagne. Puis elle couche avec le gentil assistant, Colin Clark, qui fera de cette aventure un livre - non, deux. En attendant, Laurence Olivier se retrouve avec deux folles : sa femme, qui vient de faire une fausse couche, et son actrice, qui est camée. Quand Arthur Miller revient, il fait grand cas de se montrer à la première londonienne de sa pièce « Vu du pont ». Il demande sa carte de membre du Comedy Club, devant les photographes. Pour ce faire, il doit certifier qu'il est éligible et que sa femme n'est pas « indésirable ». Il certifie énormément.

Lee Strasberg arrive au studio. Il lui est interdit d'entrer, il reste à la grille. Sa femme, qu'Olivier surnomme « The Beast », tempête. Marilyn plonge dans un marécage opiacé. Son look se détériore. Elle ne se souvient plus de son texte. Le directeur photo, Jack Cardiff, qui a travaillé avec Huston sur « African Queen » et avec le tandem Michael Powell-Emeric Pressburger, fait tout pour camoufler les dégâts. Par moments, Marilyn retrouve son éclat, sa vivacité, sa fraîcheur. Puis elle retombe dans une aboulie pâteuse, et déserte le plateau le lendemain. Ravie, elle écoute Lee Strasberg lui expliquer qu'elle est géniale, que Laurence Olivier est un acteur surestimé, qu'elle n'est pas jugée à sa vraie valeur. Son mari pense qu'elle est une « pute emmerdante », dit-elle à Strasberg. Arthur Miller rétorque que c'est faux, et que les Strasberg sont des serpents venimeux. L'ambiance est bien pourrie. Pour alléger, Miller emmène Marilyn à Stratford-upon-Avon, visiter le lieu de naissance de Shakespeare. La presse anglaise note que le couple fait chambre à part, désormais. Un adolescent enamouré campe devant le manoir, jour après jour, une fleur à la main. Finalement, Marilyn sort, lui adresse quelques mots et le remercie pour la belle rose. Puis elle l'embrasse sur la bouche. Un demi-siècle plus tard, le vieil homme est encore émerveillé.

De fable charmante, « le Prince et la Danseuse » vire au cauchemar. Quand Laurence Olivier demande à Marilyn de se déplacer pour être dans l'axe de la caméra, celle-ci rétorque : « Vous ne me voyez pas. Pas la peine d'être ici, alors », et elle s'en va. Milton Greene, l'associé de Marilyn, ex-photographe devenu producteur, s'alarme de la note de téléphone (la psychanalyse longue distance, c'est cher), des retards, du budget qui explose. Un jour que Marilyn attend avec Paula dans sa loge, l'assistant fait savoir au metteur en scène que la star est prête. Il entend Laurence Olivier, gentleman exquis, pair du royaume, dire  : « Qu'elle aille se faire foutre. » Et Marilyn recommence ses caprices : alors que l'équipe attend, elle commande des robes, des chaussures, des ensembles. Le 29 octobre, elle est officiellement présentée à la reine, devant laquelle elle fait une jolie révérence, en robe lamée or, bretelles de topazes. Sur les clichés, Sa Majesté regarde avec curiosité le décolleté très ajusté de sa voisine de palier. Mais peut-être jauge-t-elle les topazes…

Le tournage s'achève en novembre, avec onze jours de retard. Avant de rentrer aux Etats-Unis, où Arthur Miller a finalement été très légèrement condamné pour avoir « manifesté du mépris pour la cour » et non pour ses opinions de gauche, le couple se rend à une soirée, pour rencontrer deux acteurs français : Simone Signoret et Yves Montand. Deux ans plus tard, Marilyn tournera « Le Milliardaire » avec ce dernier. Le 13 juin 1957, « le Prince et la Danseuse » sort au Radio City Music Hall, l'une des plus belles salles de New York. A cette occasion, Marilyn, apparemment heureuse, décrit à la presse la petite maison au bord de la mer où elle passe ses vacances avec son mari, « juste assez grande pour nous et des enfants », et, au détour d'une interview, dit : « La seule chose dont j'aie peur, c'est de moi-même. » Elle a raison : sa consommation de pilules s'accroît, ses absences aussi. Bientôt, elle sera internée. Mais, pendant le tournage du « Prince et la Danseuse », un événement mondain a eu lieu : Grace Kelly est devenue princesse de Monaco. Or, il y a un an, c'est Marilyn qui a été approchée pour être l'élue. Elle a simplement répondu : « Monaco ? C'est où, ça ? » Elle a failli vivre l'histoire du « Prince et la Danseuse », en vrai. Bientôt, le destin va lui offrir une deuxième chance, un deuxième prince : JFK. Elle rêvera de devenir première dame. A l'époque, pas question d'être la « first girl-friend ».

Le plus étonnant, c'est que le film de Laurence Olivier, s'il est fade et mou, n'existe que par la présence de Marilyn. Les orages, les angoisses, l'amertume, rien ne transparaît : Marilyn est lumineuse, parfois un peu rêveuse, mais si sexy, si touchante, on ne voit qu'elle. Le « plus grand acteur du monde », à côté, est aussi sensuel qu'un ravier à margarine. Il a de la prestance, de l'allure, du style, mais il est déplacé. Il voudrait être Cary Grant, il n'est que l'ombre de sa manchette. Marilyn va bientôt tourner son chef-d'oeuvre absolu : « Certains l'aiment chaud ». C'est là que Tony Curtis, exaspéré, déclarera : « Embrasser Marilyn, c'est comme embrasser Hitler », comparaison discutable mais pittoresque. Surtout, l'espoir de fonder un foyer va fondre comme un glacier sous réchauffement climatique. Déjà, Arthur Miller s'éloigne. Le jour de leur mariage, il a offert à sa fiancée un bracelet en or. Avec ces mots : « A à M, juin 1956. Maintenant et à jamais. »

Le bonheur ? Jamais.

Lire l'intégralité de l'article de François Forestier, "Marilyn, ange et démon", dans "le Nouvel Observateur" du 2 août 2012.
sur le site  cinema.nouvelobs.com   


Marilyn : « Merci de m'aider à sauver ma vie »
le 4/08/2012
Par Bernard Comment
en ligne
sur cinema.nouvelobs.com

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 © KOBAL-AFP-© DR  

Chaque semaine, l'éditeur des écrits et dessins de la star - mandaté par la famille Strasberg - nous offre un document rare. Aujourd'hui, une lettre inédite à Lee Strasberg

Durant les premiers mois de 1956, Marilyn Monroe, désormais new-yorkaise, quitte sa nouvelle ville d'adoption pour se rendre sur le tournage de « Bus Stop ». Elle rentre d'abord à Hollywood, après plus d'un an d'absence, puis se rend à Phoenix (Arizona) et à Sun Valley (Idaho), avant de revenir à Los Angeles où elle réside au luxueux hôtel Chateau Marmont, sur Sunset Boulevard (elle y retrouve Arthur Miller, pour des amours encore clandestines à ce moment-là). Le réalisateur de « Bus Stop », Joshua Logan, était incertain au départ sur le choix de Marilyn et s'était renseigné auprès de Lee Strasberg, qui l'avait chaleureusement recommandée, convaincu de l'énorme talent d'actrice de celle que les studios de Hollywood s'efforçaient d'enfermer dans un rôle de blonde sexy et superficielle. Elle tenait ainsi l'occasion de démontrer son talent, avec un beau rôle complexe, dirigée par un cinéaste de talent.

Quatorze mois plus tôt, en décembre 1954, alors que le monde du cinéma la reconnaissait enfin comme une star en l'honorant d'un grand dîner de gala après les énormes succès, coup sur coup, de « Niagara », « Les hommes préfèrent les blondes » et « Comment épouser un millionnaire », elle avait quitté la Côte Ouest pour se rendre à New York, à la fois pour y fonder une société de production cinématographique (avec le photographe Milton Greene) et pour suivre les cours de Lee Strasberg à l'Actors Studio. La décision de ce déplacement est vertigineuse, et exceptionnelle : aucune star n'a jamais renoncé à l'éclat de la gloire pour aller se perfectionner sur les bancs d'une école, fût-elle hautement prestigieuse.

Ce choix, au demeurant, ne manque pas de cohérence. En effet, la formation de Marilyn au métier de comédienne s'est toujours faite sous les auspices du grand maître russe, Stanislavski. Ce choix est dû au départ à un certain hasard, lorsque la Columbia donne comme coach à sa starlette Natasha Lytess, formée à cette tendance de l'art dramatique. Cela relève ensuite d'une vraie décision, quand Marilyn va suivre l'enseignement de Michael Tchekhov, le neveu d'Anton, lui aussi apôtre de Stanislavski. Et c'est donc en bonne logique que Marilyn se rend à New York auprès de Lee Strasberg, un des fondateurs de l'Actors Studio, dont la « méthode » consiste à se fondre totalement dans le personnage, à s'imprégner de ses goûts, de ses réflexes, de sa façon de vivre et de sentir (en complément, Lee Strasberg encourageait ses étudiants à entreprendre une psychanalyse, ce que fit Marilyn dès les premiers mois de 1955). De fait, le génie de Marilyn tenait à ce qu'elle ne jouait pas, mais qu'elle était - à l'écran comme sur les photos. Dans son livre « Tu vois, je n'ai pas oublié », Montand ne dit pas autre chose : « Marilyn était un être d'exception dans la mesure où c'était sa lumière intérieure qui lapropulsait à l'avant-scène, devant les projecteurs. Si tu crois en Dieu, tu peux dire que c'est Dieu seul qui produit une lumière pareille, une lumière que ne maîtrise pas celui qu'elle habite… Marilyn soufrait de ne pas être une actrice reconnue, mais ce n'était pas véritablement une actrice : elle se situait bien au-delà du jeu. »

Dans les coulisses de « Bus Stop » se joue un petit drame. Natasha Lytess n'est plus là, elle a été évincée par Paula Strasberg, la femme de Lee, qui sera le coach de studio de Marilyn jusqu'à la fin, au grand dam parfois de célèbres réalisateurs (George Cukor, John Huston) supportant mal cette double commande où le commentaire sur les scènes tournées et la nécessité de les refaire ou non appartenait davantage à Paula qu'à eux-mêmes.

Ce qui est sûr, c'est que Lee Strasberg a joué un rôle déterminant dans la vie et la carrière de Marilyn. Il a d'emblée cru en elle, qu'il considérait comme une nouvelle Duse, promise à une étincelante carrière sur les planches. Il avait compris que ses peurs et sa fragilité devaient devenir sa force, et que seules la technique et la discipline pourraient lui permettre d'exprimer son fragile équilibre au bord de l'abîme. Marilyn se sentait enfin comprise.

Ce brouillon de lettre sur papier à en-tête du Chateau Marmont aurait dû figurer dans « Fragments ». Il se trouve simplement qu'il était classé par erreur dans les courriers reçus par Marilyn (des archives qui feront l'objet d'un gros volume à paraître en automne 2013 aux éditions du Seuil), et n'a été découvert que quelques mois après la publication des écrits intimes. Il m'a paru qu'en cette date anniversaire il était légitime de faire paraître le texte dans « le Nouvel Observateur », qui avait consacré sa couverture à Marilyn lors de la sortie de « Fragments », en octobre 2010, ce qui permettra à chacun de glisser les deux pages ici présentes dans le livre, comme un précieux complément. Je suis, à titre personnel, évidemment touché par cette lettre où Marilyn se compare à « un poisson hors de l'eau » (ce qu'elle était en effet, perdue parmi la foule des cyniques), le titre d'un de mes romans…

La lettre de Marilyn à Lee Strasberg

Cher Lee,

Si je n'avais pas trouvé le moyen de me mettre au travail je serais (comme je l'ai toujours été depuis que j'ai une conscience) un poisson hors de l'eau - agitée et rêvant (à des choses impalpables auxquelles je n'ai pas accès) et cent fois plus nerveuse, et totalement désespérée. Je reste mal organisée - mais j'entrevois même légèrement mes responsabilités pour moi-même et pour les autres qui m'ont aidée et même ceux qui m'ont abîmée et qui sont tous mes autres moi-même, dans ce que j'endure, ce que par miracle je parviens à faire. Mais Lee, pourquoi est-ce que ça doit être si douloureux ? sauf que j'éprouve plus fortement que jamais à quel point l'être humain est dans la survie.

J'essaye d'être même plus sociable que je l'ai jamais été mais les gens semblent prendre cela à tort pour une sorte de [mot manquant] et pour une faiblesse revendiquée qui et comme les poulets - qui donnent des coups de bec à ceux qui sont malades et s'affaiblissent - jusqu'à ce que je sente que je vais tout lâcher et mourir - par leur faute et surtout par la mienne - je suis certaine que tout ceci semble absurde - mais je vous remercie de votre patience. Et de laisser Paula à mes côtés - elle m'aide - même parfois elle a la bonne idée - ainsi je peux parler avec elle et parfois avoir l'espoir de m'identifier à sa présence féminine et chaleureuse alors que toutes les autres personnes avec qui je parle se mettent à penser que je débloque et leur grande inquiétude - semble me terrifier - la crainte qu'ils aient raison avec leur inquiétude.

Merci, merci, merci de m'aider à sauver ma vie.

Peut-être que je ne serai jamais capable de faire ce que je veux faire - mais au moins j'ai de l'espoir. Je ne sais pas comment je joue - je sais juste que je peux rester concentrée, au moins une partie du temps - et que les exercices que j'ai appris en cours peuvent toujours marcher à condition que je les convoque franchement.

Merci.

Amitié

M

Mon amitié à Suzie et Johnnie

(*)Susan et John, les deux enfants de Lee et Paula Strasberg.

1 août 2012

Ici Paris 1/08/2012

ici_paris_M1873Le magazine français Ici Paris n°3500, paru le 1er août 2012 consacre un article de 3 pages à Marilyn Monroe.
 prix: 1,20 

ici_paris_p1 ici_paris_p1a ici_paris_p2 

1 août 2012

Gala 1/08/2012

gala_M1800Le magazine français Gala n°999, paru le 1er août 2012 consacre un article de 2 pages à Marilyn Monroe.
 prix: 2,40 

gala_P1  

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