Les critiques de Bus Stop
Arrêt d'Autobus
Les critiques
The Saturday Review
En parlant d'artistes... Nous en avons une vraie parmi nous, cela devient de plus en plus évident. Dans Bus Stop, Marilyn Monroe dissipe une fois pour toutes l'idée qu'elle serait uniquement une séductrice avec un corps parfait, des lèvres pulpeuses et des yeux bleus aguichants.
The Los Angeles Examiner
Ce film est un cadeau de Marilyn, et, mes amis, elle offre beaucoup: son corps, sa beauté, son talent. Elle est autant grande comédienne que petite chanteuse de bastringue. Son passage à l'Actors Studio de New York ne lui a apparemment pas fait de mal.
New York Herald Tribune
Il y a un an et demi, Marilyn Monroe quitta Hollywood pour l'est des Etats-Unis afin d'étudier sérieusement le métier d'acteur. Actuellement, elle revient sur les écrans... et tout le monde assiste au spectacle de la nouvelle Marilyn.
Dans Bus Stop, elle a un rôle formidable, qu'elle interprète avec un mélange d'humour et de souffrance, très touchant. Ce contraste est également le génie du film, qui passe d'un instant à l'autre de la drôlerie la plus délirante à la tendresse la plus fragile. D'une certaine façon, le réalisateur Joshua Logan est l'artisan de ce délicat équilibre.
New York Times
Cramponnez-vous à vos sièges et attendez-vous à un spectacle renversant. Marilyn Monroe vient d'administrer dans Bus Stop la preuve qu'elle est une actrice. Le film et elle sont formidables !... Mr Logan a réussi dans ce film à lui faire faire autre chose que se tortiller, faire la moue, battre des cils et jouer la vamp. Il est parvenu à en faire le personnage de la pièce de William Inge, une fille quelconque, écervelée, avec l'accent des monts Orzak et de l'eczéma.
Il a su faire d'lle uen gourde, une poupée de faux luxe découverte dans une boîte de Phoenix par un cow-boy assez mal dégrossi. Celui-ci la poursuit avec assiduité jusqu'à un arrêt d'autobus bloqué par la neige dans un coin sauvage de l'Arizona. Et, plus important encore, il réussit à allumer en elle la petite étincelle de dignité qui la transforme en jeune femme émouvante.
Heureusement pour elle, et conformément à la tradition qui veut que le travail mène au succès, elle donne à voir dans ce film un vrai talent d'actrice et non pas, comme auparavant, l'image d'une très jolie femme et d'un sex-symbol.
Télé Cable Sat (4 étoiles)
Jamais Marilyn ne fut plus belle et plus émouvante que dans cette comédie lui offrant l'un de ses plus beaux rôles. Une oeuvre admirable.
Télé Loisir (3 étoiles)
Une merveille ! Marilyn joue les ravissantes idiotes avec un talent fou.
Télé Star (2 T)
Tour à tour lumineuse, vulnérable et attendrissante, Marilyn trouva l'un de ses plus beaux rôles dans ce divertissement enlevé, qui oscille sans cesse, à l'image de sa star, entre gaieté et mélancolie.
Les Inrockuptibles (Hors Série - 2012 - par Clélia Cohen)
Prenant l'air en peignoir fleuri dans l'arrière-cour d'un saloon de Phoenix, c'est une toute nouvelle Marilyn qui apparaît au bout de quinze minutes de Bus Stop. Le film de Joshua Logan est celui de son "retour" à Hollywood après un bras de fer avec la Fox pour plus d'indépendance, un exil de quelques mois à New York, les cours de l'Actors Studio et la création de Marilyn Monroe Productions. Après les années d'ascension progressive, puis celles de l'explosion du mythe (Niagara, Les hommes préfèrent les blondes, etc), Bus Stop inaugure la troisième (et dernière) phase de la carrière de l'actrice blonde.
Une phase plus consciente, à la fois de son personnage et de sa biographie, que Les Désaxés prolongera. Marilyn a passé du temps à l'Actors Studio, et elle veut que ça se voie. Visage trop poudré, accent plouc, voix dissonante, costume rapiécé: au départ, on craint l'overdose. Mais Cherie, son personnage, explique que depuis qu'elle est gamine elle vit dans les films, montre une carte des Etats-Unis où elle a tracé une ligne qui va de son bled natal à Hollywood. On comprend donc vite que ce qui est beau dans Bus Stop, c'est précisèment que Marilyn y joue une paumée influencée par le mythe de la femme la plus connue au monde à ce moment-là. Et lorsqu'elle monte sur scène pour chanter That Old Black Magic d'une voix mal assurée, orchestrant elle-même les changements d'éclairage d'un coup de talon branlant, tentant de capter l'attention d'une horde de gueulards imbibés, on image qu'il y en eut plein, des pas si jeunes filles du Midwest, qui, à la fin des années 50, se trémoussaient mollement dans les bars à cowboys en rêvant à Marilyn. Mais cette distance réflexive ne marcherait pas sans sincérité, et l'actrice se dévoile aussi: son amie serveuse lui fait répéter les répliques et déplacements qu'elle doit mémoriser pour échapper au jeune cowboy qui a jeté son dévolu sur elle et veut l'emmener de force dans son ranch du Montana. Le moment venu, Cherie oublie ses répliques, s'embrouille, bégaie, comme la vraie Marilyn.
Le dernier acte du film, huis clos dans un relais routier entouré de neige, semble juste construit pour suivre les oscillations de sa conscience et de son corps (va-t-elle ou non se décider à suivre ce cowboy maladroit ?) dans un ballet erratique où, harrassée par le doute et le désir, elle se déplace avec peine, allongée sur le bar, enlaçant le juke-box avec une douleur indécise très physique. Sa décision enfin prise, elle se love dans le blouson qu'il lui tend, poussant des petits cris de biche, une manche après l'autre, presque au ralenti. Suspendre un moment aussi anodin (enfiler un blouson) si longtemps, tout en ayant la certitude qu'on ne la quittera pas des yeux et que ce sera le moment le plus gracieux du film, il n'y a que Marilyn pour se le permettre.
Télérama (Hors Série - Mai 2012 - par Ophélie Wiel)
"C'est la chose la plus gentille qu'on m'ait jamais dite" avoue Cherie en pleurs à Bo, qui vient de lui murmurer qu'on l'aime "telle qu'elle est". Etait-il donc impossible d'aimer Marilyn telle qu'elle était ? Bus Stop n'est pas le premier rôle "dramatique" de l'actrice, mais ce rôle-là, elle l'a voulu. Après son passage remarqué à l'Actors Studio, et alors qu'on se moquait d'elle lorsqu'elle rêvait d'interpréter la Grouchenka des Frères Karamazov, Bus Stop, oeuvre a priori mineure dans sa filmographie, la consacra enfin aux yeux de la critique. "Marilyn est devenue une vraie actrice", entendit-on. A bien y regarder, pourtant, Marilyn n'a pas changé: certes, elle a modulé sa voix dans les tons suraigus; elle a donné à Cherie un fort accent provincial du Sud; elle a accepté de chanter terriblement faux et de se ridiculiser dans des vêtements vulgaires, elle qui avait un sens si aigu du style. Enne enfile de nouveau avec sérénité le costume de la blonde stupide qu'on lui a collé à la peau. Simplement, sa fragilité ne se cache plus derrière un masque: dans Bus Stop, les deux visages de Marilyn ne font plus qu'un. A travers Cherie, c'est l'actrice qui rêve: quand elle s'était tracée une voie royale vers les étoiles de Hollywood, n'aurait-elle pas mieux fait de s'égarer en chemin ? "Au-delà de l'amour, j'ai juste envie de sentir que celui que j'épouserai me respectera." Il est grand temps, cinquante ans après sa mort, de ne plus seulement aimer Marilyn.
Bus Stop caps 1
Arrêt d'Autobus
Captures
1ère partie des captures du film
>> source captures sur marilynonline.org