Les Echos 16/02/2023
Les Echos
n° 216
pays: France
hebdomadaire 16 février 2023
prix: 3,40 €
Article intérieur encart rubrique "art et culture" sur la sortie du livre "Des blondes pour Hollywood" intitulé "les avatars de Marilyn"
« Des blondes pour Hollywood » : les avatars de Marilyn
16 février 2023 - sur Les Echos
Journaliste culture et critique cinéma aux « Echos », Adrien Gombeaud réhabilite dix sosies de Marilyn Monroe dans une collection de portraits très joliment troussée. Si vous n'avez jamais entendu parler des Mamies, Joi, Sheeree et autres Diana, il est temps de leur accorder l'attention dont elles ont été privées.
« Des blondes pour Hollywood. Marilyn et ses doubles », d'Adrien Gombeaud. Editions Capricci.
Le grand public n'a retenu ni leur nom ni même leur prénom, à ces Mamie, Joi, Sheeree, Diana éclipsées par sept lettres magnétiques : Marilyn. Et pourtant, ces blondes atomiques avaient chacune une particularité à faire valoir dans un Hollywood dévoreur de nouvelles recrues. « Elles avaient toutes, sinon du talent, au moins un talent », écrit Adrien Gombeaud dans son trépidant essai « Des blondes pour Hollywood. Marilyn et ses doubles ». « Elles savaient occuper une scène, danser, chanter, jouer la comédie, parfois d'un instrument de musique ou encore, tout simplement, attirer la lumière. »
A travers dix portraits brossés à la manière d'un roman noir, le journaliste et critique cinéma des « Echos » a voulu réhabiliter ces sosies qui auraient pu faire carrière si seulement l'écran n'avait été monopolisé par la seule et unique Marilyn Monroe. Ces ombres ont été sacrifiées au projet fou d'une industrie ultracapitaliste de fabriquer en série des actrices « aussi reproductibles que des voitures, des cigarettes ou des boîtes de soupe Campbell » afin de répondre à la demande de spectateurs particulièrement conservateurs. Aucune place pour les aspérités ou les acarctères un peu différents, "punk ou borderline", dans un Holywood puribond et lisse - au moins en apparence. Et l'avènement de la télévision ne fera qu'accentuer la tendance à consommer des personnalités consensuelles jusqu'à leur épuisement complet.
Figurations fugaces
Dès lors, il ne restait plus qu'à ces malchanceuses aspirantes à la gloire qu'à se contenter des miettes laissées par une star qu'elles ont souvent à peine croisée, ne jouant pas dans la même catégorie. Elles firent de figurations fugaces dans des films dont Marilyn ne voulait pas, récupèrèrent des rôles de blondes idiotes qui l'exaspéraient, portèrent les corsets qui avaient, jadis, mis sa plastique en valeur. Certaines iront jusqu'à envisager de se teindre en brunes pour échapper à la malédiction.
On sent dans ces pages, fort joliment troussées, le profond intérêt de l'auteur pour cette période du cinéma américain pas aussi dorée qu'on la présente parfois. Au-delà des destins tragiques des protagonistes, il décrit avec une foule d'anecdotes le fonctionnement effroyable des studios avec lesquels la plupart étaient sous contrat. Rares sont celles à y avoir survécu. Touchante exception: Mamie Van Doren vient de fêter son anniversaire. A 92 ans, l'ex Miss Palm Springs tweete encore.
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