pays: France hebdomadaire parution le 27 octobre 2022 prix: 2,80 € Article intérieur de 4 pages interview de Joyce Carol Oates, auteure de "Blonde"
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Joyce Carol Oates : rencontre avec celle qui connaît l'Amérique mieux que personne > en ligne sur elle.fr
Alors que « Blonde », son roman culte sur Marilyn Monroe, vient d'être adapté à l'écran, l'écrivaine signe « Respire... », un nouveau texte subtil et mélancolique sur la perte de l'être aimé. Rencontre avec celle qui sonde les États-Unis mieux que personne.
En arrivant chez Joyce Carol Oates, on ne peut s’empêcher de penser à son héroïne préférée : Alice au pays des merveilles. Elle vit aux États-Unis, près de l’université de Princeton (New Jersey), où, à 84 ans, elle enseigne encore l’écriture. En son royaume sauvage et sans réseau règnent le silence et les animaux. Contrairement au lapin du livre de Lewis Carroll, nous sommes en avance en cet après-midi de septembre. Et nous avons de la chance. Le temps se suspend. Des coqs en fer forgé bordent l’allée de sa maison, au bout de laquelle ce n’est pas Oates qui nous accueille, mais trois biches. Une atmosphère féerique, miroir inversé de son œuvre – composée de romans, d’essais, de nouvelles, de pièces de théâtre, de poèmes... – reflétant l’histoire violente de l’Amérique. Prolifique, observatrice irremplaçable, Oates est devenue, avec « Les Chutes », « Fille noire, fille blanche » ou « Nous étions les Mulvaney », la sentinelle des divisions politiques, économiques et raciales qui agitent son pays. En sirotant un Coca Light, elle évoque à la fois la menace qui pèse contre le droit à l’avortement, qu’elle étudie dans « Un Livre de martyrs américains », la vie de Marilyn Monroe, romancée dans « Blonde », ou son amour pour ses chats, qui nous frôlent tout au long de l’interview. Elle l’affirme, d’ailleurs : « Les animaux sont plus fiables que les humains. » Et les morts plus bavards que les vivants. Entre deux souvenirs, la voici qui nous entraîne à travers les pièces colorées de sa maison : « J’ai quelque chose à vous montrer. » Sur la commode d’un salon, un portrait d’elle, peint par Gloria Vanderbilt, amie chère et figure new-yorkaise, meurtrie, elle aussi, par le deuil. Aux murs d’un corridor menant à l’étage, les paysages photographiés par Charlie, son second mari, mort en 2019. Dans ce sanctuaire intime et vitré, Joyce Carol Oates examine inlassablement les tourments du présent. En nous raccompagnant, elle remarque un oiseau- mouche virevoltant au-dessus de nos têtes : « Ces petits oiseaux sont un signe d’espoir, vous le saviez ? »
ELLE. Vingt-deux ans après sa parution, « Blonde », votre biofiction sur Marilyn Monroe, est devenu un film Netflix. Qu’avez-vous pensé de son adaptation ?
Joyce Carol Oates. Je pense qu’elle est à la fois puissante et dévastatrice. Andrew Dominik, le réalisateur, a choisi de mettre Marilyn au cœur de chaque scène, si bien qu’à chaque minute l’on ressent sa souffrance, ses hallucinations, son malheur et sa peur. Le spectateur peut s’identifier à elle. Lorsque j’ai écrit « Blonde », j’avais fait le choix d’adopter le point de vue de Norma Jeane Baker, la femme dissimulée derrière la star, celle qu’elle était depuis l’enfance. Elle est restée cette fille-là jusqu’à la fin de sa vie. J’ai trouvé Ana de Armas absolument remarquable, sachant transmettre la vulnérabilité extrême de Marilyn, son innocence mais aussi son intelligence, qui seront balayées par les forces patriarcales.
ELLE. Comment expliquer encore notre fascination pour son drame, sa beauté, son image ?
J.C.O. Si elle reste une figure iconique, probablement plus emblématique qu’Elizabeth Taylor ou Ava Gardner, c’est parce qu’elle était une victime. Les gens se reconnaissent dans sa détermination, dans sa lutte acharnée pour réussir, qui fut vaine. Même ses films ne lui ont pas permis de gagner beaucoup d’argent. Marilyn a toujours été sous-estimée et incomprise. Je vois un parallèle entre son destin et celui d’Elvis Presley. Tous deux étaient divinement beaux, incroyablement talentueux, portés par une grande ambition. Tous deux ont été fauchés par la mort si jeunes, elle à 36 ans, lui à 42. Il y a une beauté étrange dans leur tragédie. On aimerait les garder pour toujours, à travers la culture. Ils ont l’air tellement vivants, vous ne trouvez pas ?
(extrait du passage lié à Marilyn Monroe - le reste de l'interview en ligne et dans le Elle n° 4010)
Télé Cable Sat n° 1691 pays: France hebdomadaire semaine du 01 au 07 octobre 2022 parution 26 septembre 2022 prix: 1,90 € Article intérieur de 1 page sur le bio fiction Blonde
Le mystère Monroe : 11 vérités troublantes sur Marilyn 27 septembre 2022 - surelle.fr
Objet de fantasmes dans tous les sens du terme, la divine Norma Jeane est l’ultime héroïne. Son faux biopic « Blonde » le prouve, mais sa vie réelle aussi. Trente-six ans de détresse, de glamour… et de mystère. « Blonde », la « biofiction » que Netflix consacrera à Marilyn Monroe le 28 septembre, prendra des libertés avec la réalité historique. Comme le best-seller de Joyce Carol Oates dont elle est adaptée. Alors pour contrebalancer la fiction, voici quelques vérités sur la plus envoûtante des créatures hollywoodiennes.
1 - ELLE PARLAIT DE MARILYN À LA TROISIÈME PERSONNE C’est d’ailleurs la scène qu’a choisie « Blonde » pour son premier teaser, et c’est attesté dans plusieurs témoignages de proches : la star était profondément dissociée entre son identité de Norma Jeane, orpheline démunie et complexée, et son masque social de Marilyn, qu’elle appelait « she » (« elle »). Une construction mentale et physique que l’actrice convoquait uniquement sur les tournages ou lors de ses apparitions publiques. Ce qui expliquait, en partie, ses retards légendaires sur les plateaux. Dans le secret de sa loge, il fallait le temps de voir surgir Marilyn, son glamour et sa fantaisie, derrière la timidité et la vulnérabilité de Norma Jeane.
2 - ELLE BÉGAYAIT Célèbre pour retourner ses scènes jusqu’à l’obsession, ce qui a rendu fou furieux son partenaire de « Certains l’aiment chaud » Tony Curtis, Marilyn avait la hantise d’y voir resurgir son bégaiement, hérité d’une enfance chaotique, ballotée entre familles d’accueil, orphelinat et mère schizophrène. Pour s’assurer de délivrer ses répliques correctement, elle a contrôlé sa voix au point d’adopter ce timbre « exhalé », parfois proche du murmure, devenu sa signature vocale, à la fois au cinéma et en tant que chanteuse de jazz.
3 - ELLE A CHANGÉ DE RIRE Travailler ses intonations en fonction des rôles, c’est commun pour un acteur. Mais Norma Jeane, elle, s’est montrée jusqu’au-boutiste. Dotant son alter ego Marilyn d’un rire plus grave, voilé, sexy que le gloussement de « souris étonnée » (selon la formule de Joyce Carol Oates dans « Blonde ») lui échappant encore à ses débuts. Un rire maîtrisé que la comédienne déployait volontiers en société et en interviews.
4 - ELLE A MODIFIÉ SON ÉCRITURE Une information relayée par la demi-sœur de Marilyn, Bernice Miracle, et par les nombreux documents manuscrits laissés derrière elle par la star. À l’écriture étroite de Norma Jeane, inclinée vers la gauche, succédera une graphie beaucoup plus ample, large, inclinée vers la droite, lorsque la vedette verra sa popularité exploser et devra signer des autographes. À la fin de sa vie, l’écriture sera elle aussi le miroir de sa dépression, en se recroquevillant sur le papier.
5 - ELLE A PORTÉ HUIT NOMS DIFFÉRENTS Il y a les noms de son adolescence, au gré des unions de sa mère Gladys, monteuse à Hollywood, et des caprices de l’état civil. Née en 1926 d’un père inconnu, Norma Jeane Mortenson deviendra Norma Jeane Baker pendant sa scolarité puis perdra le « e » de Jeane à 16 ans. Il y a ensuite ses noms de femme mariée : Norma Jean Dougherty (1942) de son premier époux l’ouvrier Jim Dougherty, Marilyn DiMaggio (1954) de son second époux le joueur de baseball Joe DiMaggio, et Marilyn Miller (1956) de son troisième époux le dramaturge Arthur Miller. Et enfin il y a les noms du vedettariat et du dédoublement. Marilyn Monroe bien sûr, forgé en 1946 à partir du nom de jeune fille de sa mère et d’un prénom soufflé par un cadre de la 20th Century Fox (et qu’elle détestait). Mais aussi « Mona Monroe » qu’elle utilisera pour poser nue (voir ci-dessous). Et Zelda Zonk, le pseudonyme de la femme traquée, réfugiée à New York en 1954 dans l’espoir de devenir une actrice respectée. Huit noms comme autant de points d’interrogation face à celui qui a toujours manqué, celui de son père biologique, longtemps fantasmé, longtemps secret. Charles Stanley Gifford était marié et contremaître dans le studio où travaillait Gladys, la mère de Marilyn. Leur filiation ne sera attestée qu’au printemps 2022 grâce à des scientifiques français, qui ont récupéré l’ADN de l’idole sur une mèche de cheveux peroxydée pour le comparer à deux descendantes de Gifford. Marilyn Monroe aurait aussi pu s’appeler Norma Jeane Gifford.
6 - ELLE ÉTAIT PAYÉE AU LANCE-PIERRE Cinquante dollars. C’est la somme qu’a touchée « Mona Monroe » pour poser nue dans le calendrier « Miss Golden Dreams 1949 ». Lâchée par son premier studio, la pin-up de 23 ans est alors aux abois, et finit par accepter la proposition du photographe Tom Kelley, pour pouvoir remplir son frigo. Un shooting sur un drap de velours rouge réutilisé régulièrement dans la presse depuis (dont le tout premier numéro de « Playboy » en 1953 ou un « Nouvel Observateur » de 1991) et qui rapportera des millions de dollars à ses différents acquéreurs. Cette spoliation systématique marquera longtemps la carrière de la pseudo blonde frivole, prise de haut par ses producteurs pendant que des actrices « cérébrales » revalorisent plus vite leurs cachets. Marilyn, elle, est salariée 1500 dollars par semaine à la 20th Century Fox en 1953, époque où elle conquiert déjà le box office, grâce à « Niagara » ou « Les hommes préfèrent les blondes ». C’est moins que Jane Russell sur « Les hommes… » et moins que le chef maquilleur de « Niagara » ! L’icône devra attendre ses six derniers films (soit 20% de sa filmographie) pour imposer ses conditions financières et artistiques à la Fox, avant l'échec commercial des « Misfits » qui la fragilisera de nouveau.
7 - ELLE N’A PAS ÉTÉ REPÉRÉE COMME PLAYMATE MAIS EN TRAVAILLANT À L’USINE Engagé dans la marine marchande, Jim Dougherty aurait préféré que sa jeune épouse aux longs cheveux châtain et bouclés reste au foyer à l’attendre. Mais ce n’était pas le genre de la maison. Et en 1944 la douce Norma, tirée de l’orphelinat grâce à ce premier mariage, veut participer à l’effort de guerre et entrevoit aussi la liberté d’un poste à l’usine. Échappant à ses beaux-parents, elle y plie des parachutes à la chaîne lorsqu’un photographe l’immortalise pour un reportage sur le travail des femmes. Sa carrière de modèle photo est lancée. Suivront des jobs d’hôtesse, de mannequin plus ou moins (dé)vêtu, puis ses débuts d’actrice, où elle devient la proie des prédateurs régnant sur les studios.
8 - SA DÉMARCHE EST ENTRÉE DANS LE GUINNESS DES RECORDS Jupe crayon noire, veste rouge et talons aiguille, Monroe qui s’éloigne sur le bitume de « Niagara » en 1953. Trente-cinq mètres de progression chaloupée, filmée de dos, en plan fixe et en silence. La plus longue « scène de marche » de l’histoire du cinéma, entrée dans le Guinness des Records. L’allure qui vaut à Marilyn un énième surnom, celui de la « fille à la démarche horizontale ». Ce balancement caractéristique était-il morphologique, dû à une malformation de la hanche ou provoqué, grâce à un talon droit qu’elle faisait raboter sur ses chaussures ? Les légendes se contredisent, des légendes de plus.
9 - LA GRILLE DE MÉTRO DANS « SEPT ANS DE RÉFLEXION » A PRÉCIPITÉ SON DIVORCE Marilyn est alors mariée depuis quelques mois à l’ombrageux Joe DiMaggio. Habitué à être traité comme un héros national, l’ex-joueur de baseball se trouve éclipsé par la notoriété de sa femme. Et digère encore moins son statut de sex symbol. Sa jalousie culminera sur le tournage de « Sept ans de réflexion » en 1954, lorsque Marilyn s’avance au-dessus d’une grille d’aération du métro new-yorkais, et laisse sa robe se soulever jusqu’à ses hanches. La scène devra être retournée en studio et édulcorée au montage, mais ces premières prises filmées en pleine rue devant une foule hystérique seront immortalisées par la presse. Témoin de la séquence et ivre de rage, DiMaggio brutalise Marilyn, qui le quittera dans la foulée.
10 - ELLE ÉCRIVAIT DE LA POÉSIE ET LISAIT DOSTOÏEVSKI Plus de 400 ouvrages ont été retrouvés chez Monroe à sa mort. Admiratrice de Colette, Proust ou Flaubert, l’actrice lisait également Dostoïevski, Joyce, Darwin ou Hemingway. Et a écrit toute sa vie de brèves et mélancoliques poésies. Des documents à retrouver, reproduits en fac-similé, dans le recueil « Fragments : poèmes, écrits intimes, lettres » paru en 2010, aux éditions du Seuil.
11 - ELLE SOUFFRAIT D’ENDOMÉTRIOSE Et c’est aussi ce qui a nourri la grande détresse de Norma Jeane – Marilyn tout au long de son existence. Le gouffre d’un bébé attendu en vain. Une vie de souffrance, de fausses couches, et d’urgences chirurgicales qui l’ont précipitée vers la dépendance aux antidouleurs et aux somnifères. Exils chimiques ayant fini par avoir raison d’elle en 1962 lors d’une ultime overdose. La thèse du suicide n’a jamais été prouvée. Celle d’un assassinat, commandité en raison de ses liens avec les frères Kennedy, non plus.
Réalisation et Scénario: Andrew Dominik D'après le roman de Joyce Carol Oates Pays: USA Année: 2022 Durée : 2h 47min Casting: Ana de Armas, Adrien Brody, Bobby Cannavale
Ce portrait-fiction réinvente audacieusement la vie privée tumultueuse de la légende hollywoodienne Marilyn Monroe... ainsi que le prix de sa célébrité.
Teaser n°115 pays: France mensuel - mois de Septembre 2022 paru le 09 septembre 2022 prix: 5,90 €
Article intérieur de 2 pages sur la critique du film + 10 pages sur la génèse du film "Blonde, Quinze ans de réflexion"
- sommaire -
- critique -
- article -
- magazine proposé avec 2 couvertues différentes couverture alternative: le film "Athena" -
BLONDE : chronique > Par Aurélien Allin ; en ligne sur cinemateaser.com
Andrew Dominik parfait son entreprise d’observation de figures réelles par la fiction et invite le spectateur à une proposition de cinéma sensorielle, subjective et expérientielle, pour qui le mot chef-d’œuvre semble avoir été inventé.
À son meilleur, le cinéma est pure empathie, dans sa définition la plus littérale : il dépasse la simple compréhension et propulse le spectateur dans le cœur, la tête et les pompes d’un personnage. Il parvient à en détailler et à en partager intimement la spécificité, la singularité et la subjectivité. Le roman « Blonde » de Joyce Carol Oates, dont « la synecdoque [était] le principe », se plongeait déjà dans la subjectivité de Marilyn Monroe. Il usait de la fiction pour remodeler le mythe afin d’en faire jaillir une vérité humaine fragmentaire plus que biographique. Son adaptation par Andrew Dominik décuple cet effet empathique, peut-être parce qu’un film ne connaît pas les interruptions de la lecture et que le cinéma synthétise diverses formes d’Art – peinture, photographie, musique ou littérature. BLONDE s’impose ainsi instantanément en bulle sonore et visuelle, sensorielle, expérientielle, où Marilyn plonge ses yeux dans ceux du spectateur pour un tête-à-tête de 2h47 entre confession et soliloque, entre rêve et cauchemar.
« You will have to shoot around her » (« Vous allez devoir tourner sans elle »), hurle Monroe en quittant le plateau de CERTAINS L’AIMENT CHAUD. Andrew Dominik fait exactement le contraire : dans BLONDE, rien ni personne n’existe à part Marilyn, autour de Marilyn. Seuls comptent ses sentiments, son visage, son corps, ses traumas et comment ceux-ci influencent son existence. Pour ainsi mettre en scène ce qu’elle ressent, pense, vit et imagine, le cinéaste s’appuie tout d’abord sur Ana de Armas, dont la ressemblance et le mimétisme ne sont que la partie émergée, presque réductrice, d’une prestation remarquable de nuances, capable de joindre dans un même mouvement la puissance à la fragilité. Il construit aussi un puzzle formel à la fois soigneusement réfléchi et aux atours d’aléatoire. Les cadres, pour la plupart resserrés, enferment Marilyn dans son image – tout le film est d’ailleurs inspiré de photographies et images d’époque, effet saisissant de voir tout un inconscient collectif visuel prendre vie, loin de toute reconstitution académique. Flou des arrière-plans, vignettage, aberrations : tout, dans la splendide photo de Chayse Irvin, vient obstruer « l’autour ». Lorsque les cadres respirent davantage, la ligne d’intimité qui relie le spectateur à Monroe se distend, comme si l’on perdait peu à peu l’actrice. Chaque plan plus large hurle ainsi sa solitude – Marilyn, seule dans la foule d’une salle de cinéma où le tout-Hollywood l’admire à l’écran ; seule face à une foule rugissante qui l’observe filmer la scène de la grille soufflante de SEPT ANS DE RÉFLEXION. Par de constants passages de la couleur au noir et blanc ou par d’incessants changements de ratios, BLONDE saute sans transition de la proximité du banal à l’iconique image cinéma, Marilyn n’existant jamais vraiment uniquement dans l’une ou l’autre, les deux sphères constamment poreuses. Andrew Dominik atteint ici une maîtrise absolue de son langage, jouant autant d’une foule d’images marquantes, choquantes ou évocatrices, que de la puissance du hors champ. Rares sont les films qui évitent aussi scrupuleusement les plans d’exposition et refusent avec autant d’efficacité le contre-champ. Rares aussi sont les cinéastes embrassant avec autant de passion le mauvais goût pour toucher à la subjectivité de leur protagoniste – des draps qui se transforment en chutes du Niagara ; des étoiles en spermatozoïdes.
Absolument fidèle au roman de Joyce Carol Oates alors qu’il en élague des parties entières (l’orphelinat, le premier mari, le tournage des DÉSAXÉS ou du PRINCE ET LA DANSEUSE…) et use d’ellipses brutales ainsi que d’allers-retours temporels, BLONDE recrée puis réinvente la réalité par la fiction. D’aucuns jugeront l’entreprise problématique. Mais comment pourrait-il en être autrement, puisque BLONDE cherche à figurer et partager un ressenti forcément trop intime et trop subjectif pour s’embarrasser du factuel ? La confusion entre fiction et réalité infuse en Marilyn-même, qui alimente notamment son audition pour TROUBLEZ-MOI CE SOIR de souvenirs personnels. Ce qu’entreprend BLONDE n’a rien à voir avec une exactitude historique mais tout avec une réalité humaine, où l’on accède à une vérité de Marilyn parmi d’autres. Celle-ci, tour à tour bouleversante, captivante, repoussante ou révoltante, raconte le rêve hollywoodien, ses fantasmes éculés de perfection, la concupiscence toxique qui en découle. Dans ce songe-cauchemar, Marilyn apparaît autant bloquée sur des rails qui lui refusent tout libre arbitre, que maîtresse de sa seule solution de repli : l’autodestruction. Au point que, lors de quelques saillies particulièrement éloquentes, BLONDE bascule de l’onirisme au film d’horreur, des bébés hurlent dans des tiroirs, des visages se déforment, des silhouettes hantent les ombres. Là, comme dans la synecdoque chère à Joyce Carol Oates, de la silhouette de l’icône émerge celle d’une femme et, derrière elle, celle de millions d’autres. BLONDE n’a peut-être pas le tampon d’authenticité de la biographie. Il a mieux : celui du très grand cinéma.
D’Andrew Dominik. Avec Ana de Armas, Adrien Brody, Bobby Cannavale, Xavier Samuel, Julianne Nicholson. États-Unis. 2h47. Sur Netflix le 28 septembre Note: 5 étoiles sur 5
ICG Magazine International Cinematographers Guild pays: International langue: anglais numéro de septembre 2022 magine en version digitale en consultation libre sur icgmagazine.com
Article intérieur de 16 pages sur le film "BLONDE"
5 secrets inédits sur la transformation d’Ana de Armas en Marilyn Monroe pour le film "Blonde" 8 septembre 2022 - Par J Baillon survogue.fr
Alors que Blonde sortira le 28 septembre prochain, voici tout ce que vous devez savoir sur la mise en beauté incroyable d’Ana de Armas pour copier les traits de Marilyn Monroe.
C’est l’une des sorties cinéma les plus attendues de la rentrée 2022. Avec son biopic centré sur la vie de Marilyn Monroe, intitulé Blonde, Netflix a frappé un grand coup dans l’industrie du 7ème art. Qui a été retenu pour copier les traits de l’icône ultime d’Hollywood ? Ce n’est autre qu’Ana de Armas, l’actrice cubano-espagnole notamment vue dans le dernier James Bond Mourir Peut Attendre (2021), qui a relevé le défi. Et si l’on en croit les premières images de bande-annonce diffusées par Netflix, le pari est plus que relevé. Même moue mutine, même yeux de biche et cheveux blonds signatures… L’illusion semble parfaite. Envie de connaître tous les secrets de la mise en beauté incroyable d’Ana de Armas pour interpréter Marilyn Monroe ? Voici 5 anecdotes inédites que n’auriez jamais soupçonnées, de quoi patienter avant la sortie du film le 28 septembre prochain.
1. Entre 2h30 et 3h de maquillage étaient nécessaires tous les jours pour préparer Ana de Armas Dans une interview proposée par le magazine Allure, les équipes maquillage et coiffure racontent que 2h30 de préparation étaient nécessaires chaque matin pour transformer Ana de Armas en Marilyn Monroe. 30 minutes étaient également à prévoir chaque soir pour enlever les perruques et les prothèses, ainsi que pour opérer un nettoyage général. Au total, l’actrice passait plus de 3 heures par jour au maquillage. Un effort payant lorsque l’on constate le résultat dans la bande-annonce partagée par la plateforme : la ressemblance est troublante.
2. Chaque perruque utilisée pendant le tournage représente 150 heures de travail Au total, cinq perruques ont été fabriquées sur mesure pour Ana de Armas. C’est Rob Pickens, le célèbre perruquier basé à Los Angeles et ayant notamment travaillé sur la série à succès Stranger Things, qui s’est chargé de les créer de toute pièce. Plus de 150 heures ont été nécessaires afin de créer des perruques imitant à la perfection la structure capillaire réelle de Marilyn Monroe.
3. L’équipe coiffure et maquillage a recréé pas moins de 100 looks iconiques de Marilyn Monroe Tous les looks proposés dans Blonde sont tirés de véritables mises en beauté portées sur Marilyn Monroe, photos d’archive à l’appui. Selon la cheffe du département coiffure, Jaime Leigh McIntosh, ce sont donc plus de 100 looks qui ont été recréés pour les besoins du tournage. Finalement, seulement 50 d’entre eux ont survécu au montage final.
4. Le fond de teint utilisé sur le tournage est un produit best-seller de TikTok
Le choix du fond de teint a été un véritable casse-tête pour copier le glow hollywoodien signature de Marilyn Monroe. La cheffe du département maquillage Tina Roesler Kerwin a donc opté pour le fond de teint Hollywood Flawless Filter de Charlotte Tilbury, qui a réuni plus de 11 millions de vues sur TikTok. Flouteur de pores, lisseur de peau et illuminateur de glow, ce perfecteur de teint devenu viral était donc le produit idéal pour capter la lumière et offrir un joli rendu à la caméra, et in fine, sur grand-écran.
5. Ana de Armas a dû se raser et décolorer les sourcils tous les deux jours Pour ressembler trait pour trait à Marilyn Monroe, l’actrice de a dû se raser une partie des sourcils et les décolorer. “Lorsque qu’Ana de Armas a découvert le résultat pour la première fois, elle n’a pu retenir ses larmes” révèle d’ailleurs Tina Roesler Kerwin au magazine Allure. En prime, cette transformation a dû se répéter tous les deux jours pour conserver le look tout le long du tournage.
- l'article original du magazine Allure "How Ana de Armas Transformed Into Marilyn Monroe for Blonde" sur allure.com
Des produits de maquillage de la chef du département de maquillage Tina Roesler Kerwin et Cassie Lyons ont utilisé sur Ana de Armas sur la page Page officielle Instagram Blonde The Film
Après la projection de "Blonde" au Festival de Deauville le 09 septembre, les réactions des spectateurs sont mitigés; l'avis général étant celui d'un film très sombre. Puis on découvre Ana de Armas lors de son discours à Deauville: "Elle était vraiment incandescente. C'était un privilège et un rêve que je ne pensais même pas avoir de lui donner vie à l'écran." Le réalisateur Andrew Dominik est interviewé sur le tapis rouge: "Pour incarner Marilyn Monroe, il fallait quelqu'un de rayonnant pour comprendr epourquoi il y a eu tout ce tapage autour d'elle."
Festival Mostra de Venise, Italie Venice Film Festival, Italy
Ana de Armas et Adrien Brody sont arrivés ensemble le jeudi 08 septembre 2022 à bord d'un bateau-taxi au Festival de Venise, pour y présenter le film "Blonde". Ils ont posé devant la foule de photographes puis ont donné une conférence de presse, où Ana a déclaré: "Si l'on met de côté la star, elle était une femme comme moi, du même âge. (...) Le film honore les moments où elle était Marilyn, mais j'avais aussi beaucoup de liberté pour recréer les moments où elle était la vraie femme derrière le personnage."
Ana de Armas and Adrien Brody arrived together on Thursday September 08, 2022 aboard a water taxi at the Venise Festival, to present the film "Blonde". They posed in front of the crowd of photographers and then gave a press conference, where Ana said: "If you put the star aside, she was a woman like me, the same age. (...) The film honors the moments when she was Marilyn, but I also had a lot of freedom to recreate the moments when she was the real woman behind the character."
Plus tard, les acteurs ont foulé le tapis rouge du Palazzo del Cinema, où a été diffusé le film en avant-première. Adrien Brody a traversé le tapis rouge dans la journée avec sa compagne Georgina Chapman. Plus tard, Ana de Armas a créé la surprise en étant accompagnée de Brad Pitt, co-producteur de "Blonde" mais aussi à l'affiche du film "Bullet Train". L'actrice était vêtue d'une sublime robe rose nacrée plissée, de Louis Vuitton. Après la projection, le film a reçu une véritable standing ovation de la part du public pendant près de 11 minutes.
Later, the actors walked through the red carpet at the Palazzo del Cinema, where the film premiered. Adrien Brody walked the red carpet during the day with his girlfriend Georgina Chapman. Later, Ana de Armas created a surprise by being accompanied by Brad Pitt, co-producer of "Blonde" but also actor for the film "Bullet Train".The actress was dressed in a sublime pearly pink pleated dress, from Louis Vuitton. After the screening, the film received a standing ovation from the audience for almost 11 minutes.
Festival de Deauville, France Deauville Film Festival, France
Le 'biopic' sur Marilyn Monroe "Blonde", qui doit sortir sur Netflix le 28 septembre prochain et qui dure 2H45, a été projeté pour la première fois en Francevendredi 09 septembre 2022 en hors compétition au Festival de Deauville. C'est vêtue d'une belle longue robe blanche et les cheveux attachés que l'actrice Ana de Armas a foulé le tapis rouge de Deauville, aux bras de Andrew Dominik, le réalisateur.
The 'biopic' on Marilyn Monroe "Blonde", which is due to be released on Netflix on September 28 and which lasts 2:45, was screened for the first time in France on Friday September 09, 2022 out of competition at the Deauville Festival. There was wearing a beautiful long white dress and her hair tied up that actress Ana de Armas walked the red carpet in Deauville, with Andrew Dominik, the director.
C'est avant la projection du film que le prix du Nouvel Hollywood lui a été décerné. Initié en 2011, ce prix récompense "le talent, la passion et l'engagement de comédiens et comédiennes sur le sentier de la création". Une distinction attribuée par le passé à Ryan Gosling (2011), Jessica Chastain (2011) ou encore Daniel Radcliffe (2016). L'actrice Marine Vacth et Arnaud Desplechin, président du jury, lui ont remis le prix du Nouvel Hollywood. Le président du jury a salué la capacité de l'actrice de 34 ans à "embrasser le cinéma dans tous ses genres, avec une couleur qui n’appartient qu’à vous, dans tous vos rôles.(...) "Je voudrais que vous sentiez dans cette salle l'amour du public français", a-t-il dit. C'est devant les 1 500 festivaliers présents dans la grande salle du Centre international de Deauville (CID) que Ana de Armas a déclaré, très émue, les larmes aux yeux: "Je suis profondément honorée d'être ici ce soir. Je veux surtout remercier l'une des personnes que j'apprécie le plus : Andrew Dominik. Avec Blonde tu m'as offert le plus beau des cadeaux". "Je suis profondément honorée d’être ici ce soir, dans cette belle ville et ce merveilleux festival. C’est un grand privilège de me tenir ici sur cette scène où tant d’artistes incroyables m’ont précédé. Cela ne semble pas réel…" précisait celle. Elle a aussi rendu hommage à sa famille, ses parents qui l’ont soutenu dans son désir de jouer la comédie.
It was before the screening of the film that the New Hollywood prize was awarded to her.Initiated in 2011, this prize rewards "the talent, passion and commitment of actors and actresses on the path to creation".A distinction awarded in the past to Ryan Gosling (2011), Jessica Chastain (2011) or Daniel Radcliffe (2016). The actress Marine Vacth and Arnaud Desplechin, president of the jury, presented her with the New Hollywood prize. The president of the jury praised the ability of the 34-year-old actress to "embrace cinema in all its genres, with a color that belongs only to you, in all your roles. (...) "I would like that you feel in this room the love of the French public", he said. It was in front of the 1,500 festival-goers present inthe audience of the International Center of Deauville (CID) that Ana de Armas declared, very moved, with tears in her eyes: "I am deeply honored to be here this evening. I wantespecially to thank one of the people I appreciate the most: Andrew Dominik. With Blonde you gave me the most beautiful gift". "I'm deeply honored to be here tonight, in this beautiful city and this wonderful festival. It's a great privilege to stand here on this stage where so many incredible artists have gone before me. It just doesn't feel real… “ she specified. She also paid tribute to her family, her parents who supported her in her desire to play comedy.
sources web: Sites parismatch.com, premiere.fr, francetvinfo.fr, actu.fr Site Officiel Festival de Deauville Page officielle Instagram Blonde The Film