Doc - Robert Mitchum, le mauvais garçon d'Hollywood
Robert Mitchum, le mauvais garçon d'Hollywood
Année: 2017
Réalisation: Stéphane Benhamou
Pays: France, Arte / Lobster
Durée: 55 min
Par son naturel, le "bad boy" Robert Mitchum a conquis le public et les plus grands cinéastes, d'Otto Preminger à Vincente Minnelli en passant par Howard Hawks. Sans occulter ses frasques, ce séduisant portrait dévoile la sensibilité que l'acteur dissimulait sous sa désinvolture.
Retranscription des passages liés à Marilyn Monroe:
(à 08 min) - En mars 1940, il se marie avec Dorothy qui l'a rejoint à Los Angeles. Elle tombe enceinte, et Mitchum doit abandonner ses petits boulots et le théâtre pour trouver un emploi stable. Il est embauché à l'usine Lockheed. L'Amérique vient d'entrer en guerre et les cadences sont infernales sur les chaînes de fabrication de bombardiers. Il se lie avec un collègue, Jim Dougherty, tout juste marié à une jolie fille d'à peine 16 ans, Norma Jeane Baker. Ils sont loin d'imaginer, eux, les enfants de la crise qui peinent à boucler leurs fins de mois, qu'ils se retrouveront stars, douze ans plus tard, sur "Rivière sans retour".
(à 16 min) - Il préfère les soirées plus intimes. Comme celle où il est invité chez la jeune comédienne Lila Leeds. La soirée est brutalement interrompu par la police de Los Angeles, qui surprend les invités en train de fumer de la marijuana. Michum est embarqué dans une voiture de police. Et, chose étrange, la presse se bouscule déjà au commissariat où on le ramène avec les autres invités. Tout cela ressemble tellement à l'un de ces films noirs que Mitchum déclare aussitôt au Los Angeles Times qu'une arrestation pour usage de drogue, ça ruine une carrière. Il en a tellement tourné des histoires comme celle-ci où un soit-disant mauvais garçon paie pour les fautes des autres, qu'il est certain de l'issue de cette sale affaire. Son producteur et patron, Howard Hughes, est appelé au milieu de la nuit. On l'informe que sa jeune vedette risque jusqu'à six ans de prison. Il n'a pas échappé au procureur que Mitchum a déjà été condamné. Peu importe qu'il l'ait été seulement pour vagabondage quand il avait 16 ans. Hugues engage aussitôt le meilleur avocat de la ville, Jerry Giesler. Michum ne se fait guère d'illusion sur son sort. Au greffier, qui lui demande son métier, il répond "ancien acteur". Lors de son procès en février 1949, son avocat prouve qu'il a été victime d'une sombre histoire de chantage. Le juge accorde les circonstances atténuantes et Mitchum et Leeds sont condamnés à 60 jours de prison. Pour Lila Leeds, qui n'a encore qu'un statut de starlette, sa carrière va s'arrêter là. Et le film qu'elle tourne très rapidement pour raconter cette histoire sera son dernier.
(à 27 min) - Ceux qui travaillent avec lui savent très bien qu'il n'y a rien à gagner à le provoquer. Le réalisateur Otto Preminger va l'apprendre à ses dépends sur le tournage de "Un si doux visage". Mitchum doit donner une gifle à Jean Simmons, pour la sortir de sa torpeur. Mais Preminger ne trouve pas la scène assez convaincante. Il la fait refaire plusieurs fois. Il exige que Mitchum donne une gifle plus forte, et, encore plus forte, jusqu'au moment où Mitchum s'avance vers Preminger et lui envoie une énorme claque en lui demandant: "Et comme ça, c'est assez fort ?".
(...) Après avoir été giflé, Preminger demande à Howard Hugues le renvoie de Mitchum, qu'il n'obtient pas. Cela n'empêche pas de réclamer Mitchum pour son film suivant, une super production en technicolor. Michum retrouve une vieille connaissance, celle qu'on appelle maintenant Marilyn Monroe. Malgré son air indifférent, Mitchum est un partenaire précieux. Il dissuade sa vieille copine Marilyn de suivre les conseils de sa répétitrice. Juste avant de tourner, il lui donne une claque dans le dos et lui demande d'abandonner ses airs affectés de grande tragédienne. Des airs qu'elle ne prend jamais quand elle se retrouve en famille chez les Mitchum.
Christopher Michum, fils de Robert Mitchum: "Je me souviens du jour où je l'ai rencontré à Mandeville, ils tournaient "La rivière sans retour". J'étais assis devant la cheminée, dans le salon, sur un petit banc haut comme ça, recouvert de tapisserie rembourrée. J'étais là, en plein hiver, à me réchauffer le dos au coin du feu. Je devais avoir dans les 10 ans. Elle est entrée, elle s'est retournée, et elle a relevé sa robe pour se réchauffer le postérieur au coin du feu. Et moi, j'étais là, à regarder... (rire). Arrive mon père, qui lui demande: "Tu as fait connaissance avec mon fils ? Là, elle se retourne, et elle me dis: "Bonjour, je m'appelle Norma Jeane." Apparemment, elle ne m'avait pas vu. Mais ça ne l'a pas troublée du tout. Ce premier contact m'a fait forte impression. Voilà comment j'ai rencontré Marilyn Monroe ! (rire)."
Carrie Mitchum, petite-fille de Robert Mitchum: "Je crois que les grandes amitiés que Bob a tissé, pas seulement avec des actrices, mais aussi avec des acteurs, d'autres hommes, était basé sur une compréhension réciproque de leur histoire. C'est une génération qui a survécu à la Dépression, à la pauvreté, à la dureté du quotidien. Ils étaient liés par cette expérience de la survie. Ils savaient tous parfaitement d'où ils venaient. Et ils ne voulaient pas retourner en arrière".
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06/10/1954 Conférence de presse: Annonce du Divorce
Pendant le tournage de The Seven Year Itch (Sept ans de réflexion), des bruits commencent à courir à propos d'une crise conjugale au sein du couple Marilyn Monroe - Joe DiMaggio. Après un voyage d'une petite semaine à New York et Cleveland où il commentait des matchs de base-ball, Joe est de retour le 2 octobre 1954: Marilyn lui fait savoir son intention de divorcer. Elle engage l'avocat Jerry Giesler. Les médias sont vite avertis par le service publicité de la Fox et le 5 octobre, des hordes de journalistes se pressent devant la maison que Marilyn et Joe partagent au 508 North Palm Drive, à Beverly Hills.
Le 6 octobre 1954, une conférence de presse est organisée.
Le matin du 6 octobre, Joe DiMaggio quitte la maison, emportant ses affaires avec l'aide de son ami Reno Barsocchini, ancien partenaire de base-ball. Il dit aux journalistes qu'il quittait Los Angeles pour San Francisco et ne remettrait pas les pieds dans la maison que Marilyn et lui avaient loué. Mais il refuse de parler du divorce car il ne prend pas trop cette demande de divorce au sérieux et gardait sérieusement l'espoir que Marilyn change d'avis.
Les nombreux journalistes attendent ensuite la sortie de Marilyn. Presse écrite, radio, caméramen, et nombreux photographes -dont Georges Silk et Allan Grant pour Life et Bruno Bernard- se sont regroupés dans le jardin de la maison.
L'avocat de Marilyn, Jerry Giesler, sort sur le péron pour faire patienter les journalistes.
Marilyn Monroe sort enfin, accompagnée discrètement de Sidney Skolsky et cherchant le soutien de son avocat Jerry Gielser, qui livre à la presse l'annonce officielle de la demande de divorce de Marilyn contre Joe DiMaggio. Devant les photographes, Marilyn est au bord des larmes et ne prononcera pas un mot.
Jerry Giesler: "Elle n'a rien à dire si ce n'est que la demande de divorce est due à des divergences professionnelles."
Un témoin décrit la scène et l'apparition de Marilyn comme digne d'un Oscar de la meilleure comédie. Il semble que Marilyn ait orchestré son attitude d'épouse déplorée, afin de gagner la sympathie du public. Bien qu'elle était sans doute affectée par le naufrage de son mariage, elle joue un peu la comédie, feintant de pleurer en se cachant derrière un mouchoir, pour montrer au public qu'elle n'était pas l'instigatrice du différend au sein du couple (Joe aurait voulu qu'elle stoppe sa carrière et Marilyn n'était pas prête à jouer les femmes au foyer). L'attitude violente de Joe et sa jalousie excessive ne seront bien évidemment pas mentionnées aux médias.
Après la conférence de presse, Marilyn quitte la maison dans la voiture de son avocat et se rend aux studios de la Fox où elle devait terminer des scènes de The Seven Year Itch. Elle rentrera chez elle quelques heures plus tard. On raconte qu'elle téléphonait à Joe tous les soirs.
> Bruno Bernard immortalise le point culminant de cette scène dramatique
par ces photographies d'une Marilyn tenant un mouchoir dans sa main.
Beaucoup s'interrogèrent sur les raisons de la faillite du mariage, après seulement neuf mois d'union, de ce couple si bien assorti. Marilyn dira plus tard: "C'était une sorte d'amitié, cinglée et difficile, avec quelques avantages sexuels. Plus tard, j'ai appris que c'était souvent le lot de tout mariage".
>> Video
Le lendemain, le 7 octobre 1954, Marilyn tourne les scènes en pyjama rose dans The Seven Year Itch, une des scènes comiques du film. Quand à Joe DiMaggio, il tient une conférence de presse à San Francisco, où il est parti s'installer, dans sa maison près de la plage; il refuse de commenter la séparation d'avec Marilyn et déclare simplement vouloir prendre un long repos.
>> sources:
Livre Marilyn Monroe Les inédits de Marie Clayton
Livre Marilyn Monroe et les caméras
Captures à partir de cette video youtube
27/10/1954 Divorce prononcé
Le 27 octobre 1954, Marilyn Monroe se rend au tribunal de Santa Monica, en Californie, pour le jugement de son divorce d'avec Joe DiMaggio. Elle est épaulée par son ami Sidney Skolsky, mais aussi accompagnée par son avocat Jerry Giesler. Pour la circonstance, Marilyn est toute vêtue de noir, élégante dans un tailleur classique, un petit chapeau noir et des gants blancs, comme si elle était en deuil. Elle arbore autour de son cou le collier de perles que lui avait offert l'empereur japonais lors de sa lune de miel en Asie. Dès leur arrivée, le trio (Marilyn, Skolsky et Giesler) sont assaillis par les photographes et caméramen.
Au tribunal, Marilyn est assise devant le juge Orlando H. Rhodes. Elle témoigne pendant dix minutes:
"Joe est froid et indifférent, il est lunatique et peut ne pas m'adresser la parole pendant plusieurs jours... Quand j'essaie de lui parler, il ne me répond pas ou me dit: 'Laisse moi tranquille! Arrête de m'ennuyer'. (...) Il m’interdit de recevoir des visites, en neuf mois, je n’ai reçu que trois fois des amis.".
Natasha Lytess avait proposé à Marilyn de témoigner en sa faveur mais Marilyn a refusé. Seule Inez Melson, la conseillère financière de Marilyn, apporte un témoignage:
"Mr DiMaggio était complètement indifférent et se souciait peu du bonheur de Mrs DiMaggio. Je l’ai vu la repousser et lui dire de lui ficher la paix".
Marilyn appose sa signature sur les papiers du divorce. Ses yeux se remplirent de larmes quand le juge annonça: "Divorce accordé", au motif de "cruauté mentale" (qui équivaut à l'incompatiblité d'humeur en France). Il ne sera cependant officiel que l'année suivante, en octobre 1955, prononcé par le juge Elmer Doyle.
Joe DiMaggio était absent et ne fera pas appel. Mais il ne renoncait pas à annuler le divorce: la veille du jugement, il était à Los Angeles, prétextant qu'il était venu voir son fils. Et le jour même du divorce, il convoque la presse pour dire qu'il n'avait pas perdu l'espoir d'une réconciliation, en déclarant: "J'éspère qu'elle verra la lumière".
Quand à Marilyn, elle était certainement perdue dans ses sentiments: d'un côté, elle déclare à la presse qu'elle n'avait pas d'homme dans sa vie, en tenant une interview la veille du jugement (sa première interview depuis la séparation), tout en se préparant à persuader le juge de la "cruauté mentale" de DiMaggio; et de l'autre côté, elle continuait à voir DiMaggio: on raconte même qu'elle aurait passé la nuit précédente et suivante de l'audience, avec Joe, chez Sinatra.
>> Video 1
>> Video 2
>> Video 3
>> dans la presse
Kansas Russell Daily News
>> sources:
Livre Marilyn Monroe Les inédits de Marie Clayton
Livre Les vies secrètes de Marilyn Monroe, de Anthony Summers