Le mystère Monroe : 11 vérités troublantes sur Marilyn - sur Elle
Le mystère Monroe : 11 vérités troublantes sur Marilyn
27 septembre 2022 - sur elle.fr
Objet de fantasmes dans tous les sens du terme, la divine Norma Jeane est l’ultime héroïne. Son faux biopic « Blonde » le prouve, mais sa vie réelle aussi.
Trente-six ans de détresse, de glamour… et de mystère. « Blonde », la « biofiction » que Netflix consacrera à Marilyn Monroe le 28 septembre, prendra des libertés avec la réalité historique. Comme le best-seller de Joyce Carol Oates dont elle est adaptée. Alors pour contrebalancer la fiction, voici quelques vérités sur la plus envoûtante des créatures hollywoodiennes.
1 - ELLE PARLAIT DE MARILYN À LA TROISIÈME PERSONNE
C’est d’ailleurs la scène qu’a choisie « Blonde » pour son premier teaser, et c’est attesté dans plusieurs témoignages de proches : la star était profondément dissociée entre son identité de Norma Jeane, orpheline démunie et complexée, et son masque social de Marilyn, qu’elle appelait « she » (« elle »). Une construction mentale et physique que l’actrice convoquait uniquement sur les tournages ou lors de ses apparitions publiques. Ce qui expliquait, en partie, ses retards légendaires sur les plateaux. Dans le secret de sa loge, il fallait le temps de voir surgir Marilyn, son glamour et sa fantaisie, derrière la timidité et la vulnérabilité de Norma Jeane.
2 - ELLE BÉGAYAIT
Célèbre pour retourner ses scènes jusqu’à l’obsession, ce qui a rendu fou furieux son partenaire de « Certains l’aiment chaud » Tony Curtis, Marilyn avait la hantise d’y voir resurgir son bégaiement, hérité d’une enfance chaotique, ballotée entre familles d’accueil, orphelinat et mère schizophrène. Pour s’assurer de délivrer ses répliques correctement, elle a contrôlé sa voix au point d’adopter ce timbre « exhalé », parfois proche du murmure, devenu sa signature vocale, à la fois au cinéma et en tant que chanteuse de jazz.
3 - ELLE A CHANGÉ DE RIRE
Travailler ses intonations en fonction des rôles, c’est commun pour un acteur. Mais Norma Jeane, elle, s’est montrée jusqu’au-boutiste. Dotant son alter ego Marilyn d’un rire plus grave, voilé, sexy que le gloussement de « souris étonnée » (selon la formule de Joyce Carol Oates dans « Blonde ») lui échappant encore à ses débuts. Un rire maîtrisé que la comédienne déployait volontiers en société et en interviews.
4 - ELLE A MODIFIÉ SON ÉCRITURE
Une information relayée par la demi-sœur de Marilyn, Bernice Miracle, et par les nombreux documents manuscrits laissés derrière elle par la star. À l’écriture étroite de Norma Jeane, inclinée vers la gauche, succédera une graphie beaucoup plus ample, large, inclinée vers la droite, lorsque la vedette verra sa popularité exploser et devra signer des autographes. À la fin de sa vie, l’écriture sera elle aussi le miroir de sa dépression, en se recroquevillant sur le papier.
5 - ELLE A PORTÉ HUIT NOMS DIFFÉRENTS
Il y a les noms de son adolescence, au gré des unions de sa mère Gladys, monteuse à Hollywood, et des caprices de l’état civil. Née en 1926 d’un père inconnu, Norma Jeane Mortenson deviendra Norma Jeane Baker pendant sa scolarité puis perdra le « e » de Jeane à 16 ans.
Il y a ensuite ses noms de femme mariée : Norma Jean Dougherty (1942) de son premier époux l’ouvrier Jim Dougherty, Marilyn DiMaggio (1954) de son second époux le joueur de baseball Joe DiMaggio, et Marilyn Miller (1956) de son troisième époux le dramaturge Arthur Miller.
Et enfin il y a les noms du vedettariat et du dédoublement. Marilyn Monroe bien sûr, forgé en 1946 à partir du nom de jeune fille de sa mère et d’un prénom soufflé par un cadre de la 20th Century Fox (et qu’elle détestait). Mais aussi « Mona Monroe » qu’elle utilisera pour poser nue (voir ci-dessous). Et Zelda Zonk, le pseudonyme de la femme traquée, réfugiée à New York en 1954 dans l’espoir de devenir une actrice respectée.
Huit noms comme autant de points d’interrogation face à celui qui a toujours manqué, celui de son père biologique, longtemps fantasmé, longtemps secret. Charles Stanley Gifford était marié et contremaître dans le studio où travaillait Gladys, la mère de Marilyn. Leur filiation ne sera attestée qu’au printemps 2022 grâce à des scientifiques français, qui ont récupéré l’ADN de l’idole sur une mèche de cheveux peroxydée pour le comparer à deux descendantes de Gifford. Marilyn Monroe aurait aussi pu s’appeler Norma Jeane Gifford.
6 - ELLE ÉTAIT PAYÉE AU LANCE-PIERRE
Cinquante dollars. C’est la somme qu’a touchée « Mona Monroe » pour poser nue dans le calendrier « Miss Golden Dreams 1949 ». Lâchée par son premier studio, la pin-up de 23 ans est alors aux abois, et finit par accepter la proposition du photographe Tom Kelley, pour pouvoir remplir son frigo. Un shooting sur un drap de velours rouge réutilisé régulièrement dans la presse depuis (dont le tout premier numéro de « Playboy » en 1953 ou un « Nouvel Observateur » de 1991) et qui rapportera des millions de dollars à ses différents acquéreurs.
Cette spoliation systématique marquera longtemps la carrière de la pseudo blonde frivole, prise de haut par ses producteurs pendant que des actrices « cérébrales » revalorisent plus vite leurs cachets. Marilyn, elle, est salariée 1500 dollars par semaine à la 20th Century Fox en 1953, époque où elle conquiert déjà le box office, grâce à « Niagara » ou « Les hommes préfèrent les blondes ». C’est moins que Jane Russell sur « Les hommes… » et moins que le chef maquilleur de « Niagara » ! L’icône devra attendre ses six derniers films (soit 20% de sa filmographie) pour imposer ses conditions financières et artistiques à la Fox, avant l'échec commercial des « Misfits » qui la fragilisera de nouveau.
7 - ELLE N’A PAS ÉTÉ REPÉRÉE COMME PLAYMATE MAIS EN TRAVAILLANT À L’USINE
Engagé dans la marine marchande, Jim Dougherty aurait préféré que sa jeune épouse aux longs cheveux châtain et bouclés reste au foyer à l’attendre. Mais ce n’était pas le genre de la maison. Et en 1944 la douce Norma, tirée de l’orphelinat grâce à ce premier mariage, veut participer à l’effort de guerre et entrevoit aussi la liberté d’un poste à l’usine. Échappant à ses beaux-parents, elle y plie des parachutes à la chaîne lorsqu’un photographe l’immortalise pour un reportage sur le travail des femmes. Sa carrière de modèle photo est lancée. Suivront des jobs d’hôtesse, de mannequin plus ou moins (dé)vêtu, puis ses débuts d’actrice, où elle devient la proie des prédateurs régnant sur les studios.
8 - SA DÉMARCHE EST ENTRÉE DANS LE GUINNESS DES RECORDS
Jupe crayon noire, veste rouge et talons aiguille, Monroe qui s’éloigne sur le bitume de « Niagara » en 1953. Trente-cinq mètres de progression chaloupée, filmée de dos, en plan fixe et en silence. La plus longue « scène de marche » de l’histoire du cinéma, entrée dans le Guinness des Records. L’allure qui vaut à Marilyn un énième surnom, celui de la « fille à la démarche horizontale ». Ce balancement caractéristique était-il morphologique, dû à une malformation de la hanche ou provoqué, grâce à un talon droit qu’elle faisait raboter sur ses chaussures ? Les légendes se contredisent, des légendes de plus.
9 - LA GRILLE DE MÉTRO DANS « SEPT ANS DE RÉFLEXION » A PRÉCIPITÉ SON DIVORCE
Marilyn est alors mariée depuis quelques mois à l’ombrageux Joe DiMaggio. Habitué à être traité comme un héros national, l’ex-joueur de baseball se trouve éclipsé par la notoriété de sa femme. Et digère encore moins son statut de sex symbol. Sa jalousie culminera sur le tournage de « Sept ans de réflexion » en 1954, lorsque Marilyn s’avance au-dessus d’une grille d’aération du métro new-yorkais, et laisse sa robe se soulever jusqu’à ses hanches. La scène devra être retournée en studio et édulcorée au montage, mais ces premières prises filmées en pleine rue devant une foule hystérique seront immortalisées par la presse. Témoin de la séquence et ivre de rage, DiMaggio brutalise Marilyn, qui le quittera dans la foulée.
10 - ELLE ÉCRIVAIT DE LA POÉSIE ET LISAIT DOSTOÏEVSKI
Plus de 400 ouvrages ont été retrouvés chez Monroe à sa mort. Admiratrice de Colette, Proust ou Flaubert, l’actrice lisait également Dostoïevski, Joyce, Darwin ou Hemingway. Et a écrit toute sa vie de brèves et mélancoliques poésies. Des documents à retrouver, reproduits en fac-similé, dans le recueil « Fragments : poèmes, écrits intimes, lettres » paru en 2010, aux éditions du Seuil.
11 - ELLE SOUFFRAIT D’ENDOMÉTRIOSE
Et c’est aussi ce qui a nourri la grande détresse de Norma Jeane – Marilyn tout au long de son existence. Le gouffre d’un bébé attendu en vain. Une vie de souffrance, de fausses couches, et d’urgences chirurgicales qui l’ont précipitée vers la dépendance aux antidouleurs et aux somnifères. Exils chimiques ayant fini par avoir raison d’elle en 1962 lors d’une ultime overdose. La thèse du suicide n’a jamais été prouvée. Celle d’un assassinat, commandité en raison de ses liens avec les frères Kennedy, non plus.
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