C'est fou comme le "corps parfait" a changé en 100 ans
C'est fou comme le "corps parfait" a changé en 100 ans
par Nina Bahadur du The Huffington Post
publié le 11/02/2014
online huffingtonpost.fr
Une femme au corps parfait en 1930 obtiendrait aujourd’hui à peine un regard d’un producteur hollywoodien ou d’un agent de mannequins.
Le site Rehabs.com (consacré à la guérison de la dépendance et des troubles alimentaires) a travaillé avec l’agence Fractl sur un projet observant les origines de l’Indice de masse corporelle (IMC) et la façon dont le corps de la femme idéale avait changé avec le temps, comparé à la moyenne nationale. Et leurs résultats ont montré que les mannequins et les stars de cinéma deviennent de plus en plus minces, comparées à la femme américaine moyenne.
Bien que les mesures de l’IMC ne fassent pas la distinction entre graisses et muscles, ce qui ne les rend donc pas vraiment fiables pour établir si quelqu’un est obèse ou non, les données IMC par le passé donnent d’intéressants points de comparaison. Selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), l’IMC moyen des Américaines a régulièrement augmenté ces cinquante dernières années, passant de 24,9 en 1960 à 26,5 aujourd’hui.
De son côté, Rehabs.com a constaté que la différence entre le poids des mannequins et le poids moyen des Américaines est passée de 8 % en 1975 à plus de 23 % aujourd’hui. En bref, l’écart entre le corps de la femme idéale et de celle de tous les jours se creuse.
Tenant compte de cette disparité, des marques comme Dove, Debenhams et H&M se sont efforcées d’inclure des types corporels différents dans leurs catalogues et leurs publicités. Des organisations comme The Representation Project sont par ailleurs en train de sensibiliser les femmes et les jeunes filles aux médias et sur la façon dont elles doivent appréhender l’image sexualisée des femmes à la télévision, sur les panneaux d’affichage et sur Internet (il reste bien sûr encore beaucoup à faire).
En plus des efforts des enseignes et des organisations, revoir la femme "idéale" à travers le siècle dernier nous apprend combien la vision du "corps parfait" est subjective. Les sex-symbols ont varié en termes de silhouette, de taille, de poids et de musculature , de la taille de guêpe de Mae West à la Brindille Kate Moss. Même si la diversité de ces icônes est limitée – elles sont toutes blanches et aucune ne pourrait être qualifiée de mannequin grande taille – cela fait du bien de voir que différents types corporels ont été considérés sexy par le passé, et le seront probablement de nouveau un jour. Voici donc l’évolution du "corps idéal" depuis plus de 100 ans.
La "Gibson girl" est une création de l’illustrateur Charles Dana Gibson, une femme qui symbolisa l’idéal féminin au tournant du siècle. Gibson a décrit cette représentation – qui était grande avec une forte poitrine et de larges hanches, mais à la taille fine – comme un composite des jeunes femmes qu’il avait observées.
En 1910, il confia à un reporter du Sunday Times Magazine : "Je vais vous raconter comment j’ai obtenu ce que vous avez appelé la 'Gibson Girl.' Je l’ai vue dans les rues, je l’ai vue dans les théâtres, je l’ai vue dans les églises. Je l’ai vue partout et faisant tout. Je l’ai vue oisive sur la 5ème Ave, et active derrière les comptoirs des magasins."
Les garçonnes étaient connues pour leurs cheveux au carré, leurs robes courtes et leur comportement "scandaleux" comme fumer en public et conduire des voitures. Les garçonnes portaient rarement le corset, effaçant leurs poitrines et leur taille, et montraient souvent leurs chevilles ou genoux.
En 1920, un maître de conférence nommé R. Murray-Leslie a décrit les garçonnes comme : "Le type du papillon social… La garçonne frivole, légère et court-vêtue, joyeuse, irresponsable et indisciplinée, pour qui une danse, un nouveau chapeau ou un homme doté d’une voiture a plus d’importance que le sort de l’humanité."
La star d’Hollywood Mae West n’aurait pas pu être plus différente que les garçonnes. Elle soulignait sa taille et ses hanches, mettant en avant sa silhouette grâce à des vêtements moulants.
West aurait un jour dit : "Cultivez vos courbes – elles peuvent être dangereuses mais elles ne peuvent pas être ignorées."
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’idéal s’est éloigné des courbes inaccessibles de Mae West et de l’attitude désinvolte de la Garçonne. Des stars comme Rita Hayworth affichaient une peau sans défaut et des corps minces, éclatants de santé, assez proches finalement de l’Américaine moyenne.
Les sex-symbols des années 1950, comprenant Marilyn Monroe, Jayne Mansfield et Betty Page, étaient connues pour leurs jambes longues, et leur silhouette à la taille de guêpe mais au buste généreux. Des pin-up comme Sophia Loren et Brigitte Bardot transpiraient le glamour.
"Le corps est fait pour être vu, pas caché," a déclaré Marylin Monroe.
Twiggy, années 1960
Avec la révolution sexuelle, les années 1960 ont aussi marqué l’événement d’un nouvel idéal de beauté – mince et doté de longues jambes. Le mannequin de luxe Twiggy Lawson est ainsi devenue célèbre pour sa silhouette gracile et son look "androgyne" – un clin d’œil à l’idéal des garçonnes.
Twiggy s’est prononcée contre l’idéal de minceur tout en reconnaissant son propre rôle dans sa perpétuation. "J’étais un mannequin très très mince durant les années 1960, mais c’était naturel… C’est ce à quoi je ressemblais," a-t-elle expliqué au Huffington post en 2010. "Je mangeais normalement. J’ai toujours dit que je mangeais, et je ressemblais beaucoup à mon père qui était très maigre. Je pense donc que c’était génétique… Si, à 17 ans, vous faites 1 m 80, vous avez de grandes chances d’être mince."
La femme idéale des années 1970 était bronzée, les cheveux libres et un corps svelte et musclé – un look athlétique avec un maquillage minimal ou "naturel". L’actrice Farrah Fawcett était considérée comme l’une des plus belles femmes de cette décennie.
Les années 1970 ont aussi vu l’apparition de l’anorexie chez un grand nombre de femmes s’efforçant de maigrir à tout prix.
Alors que le type du corps athlétique gagnait en popularité, les "hardbodies" – des femmes minces très musclées – étaient considérées comme particulièrement attirantes. Etre maigre était idéal ; être mince et musclée était encore mieux. Selon Rehabs.com, 60 % des mannequins de Playboy dans les années 1980 pesaient 15 % de moins que le poids moyen recommandé pour leur taille.
L’actrice Jane Fonda a incarné cette folie pour le fitness et fut le symbole du "hardbody"- ses vidéos d’exercices d’aérobic se sont vendues à des millions d’exemplaires.
Les top-models ont aussi fait leurs débuts dans les années 1980, comme Naomi Campbell et Claudia Schiffer, dont les corps élancés et minces étaient loin de représenter le type corporel moyen de la femme américaine.
Dans les années 1990, les mannequins ont terriblement minci. Kate Moss et sa silhouette de brindille dans la campagne Calvin Klein de 1993 ont été l’origine de l’expression : "héroïne chic" – peau pâle, structure osseuse angulaire et membres très fins étaient désormais à la mode.
La déclaration de Moss est restée célèbre : "On ne se sent jamais aussi bien que mince."
Adriana Lima, début des années 2000
Les années 2000 nous ont amené le règne des Anges de Victoria Secret – des mannequins grandes, fines et élancées, dotées de fortes poitrines, aux cheveux fluides et aux corps sculptés. Le mannequin brésilien Adriana Lima est un Ange VS depuis l’an 2000.
Pour en apprendre plus sur le sujet, lisez l’étude complète sur Rehabs.com.
#RIP Bert Stern
#RIP Bert Stern
Ses dernières confidences à Vanity Fair
publié le 26 juin 2013 - par Camille Bordenet
en ligne sur vanityfair.fr
Né à Brooklyn en 1929, Bert Stern entre au service du Courrier de Look à l'âge de dix-sept ans. Il y reste deux ans et demi avant de prendre la direction artistique d'une petite revue et de se lancer en autodidacte dans la photographie. Durant son service militaire, il devient caméraman pour l'armée américaine basée au Japon. A partir de 1953, il se consacre à la photographie de mode et publicitaire (Vodka Smirnoff, Canon, Volkswagen, Pepsi-Cola...). Portraitiste virtuose et chasseur d'icônes, son art est généralement qualifié de glamour et romantique. Le film Bert Stern : original madman sorti en 2011 lui rend hommage.
S’il est surtout connu pour être le dernier à avoir immortalisé Marilyn Monroe six semaines avant sa mort, le photographe américain a eu d’autres modèles prestigieux - et sublimes. D’Audrey Hepburn à Kate Moss toute jeune, en passant par Madonna, Bert Stern avait immortalisé quelques unes des stars les plus emblématiques de leur époque.
Pour VanityFair.fr, il avait accepté, à 84 ans, de commenter ses plus belles photos. C'était au début du mois de juin, sur son lit d'hôpital à New York. Il est mort la nuit dernière, des suites de problèmes cardiaques.
Voici ses dernières confidences.
Marilyn Monroe, La Dernière Séance - Los Angeles, juin 1962"Pendant cette séance photo commandée par Vogue qui, après la mort de Marilyn a été nommée La dernière séance (The last sitting), j’ai pris plus de 2500 clichés d’elle pendant trois jours entiers. Habillée, nue, accessoirisée, elle était magique et hypnotique… Je ne l’aurais jamais prise en photo nue si elle n’avait pas voulu. Je rêvais juste de la photographier et c’est vrai que je ne l’imaginais pas dans des vêtements, mais tout simplement portant des bijoux ou un voile. Pour la première séance le 23 juin 1962, dans une suite de l'hôtel Bel-Air, nous avions rendez-vous à midi mais elle n’est arrivée qu’à quinze heures. Elle était plus belle encore que je l'imaginais! Plus fine, aussi... Elle avait été opérée de la vésicule biliaire six semaines plus tôt et portait d'ailleurs une cicatrice au bas du ventre. Quand elle a vu le voile transparent et les bijoux préparés elle a demandé "Alors on fait des nus ? Je suppose que vous avez envie d’être créatif !". J’étais surpris, j’ai dit oui. Elle a quand même demandé son avis à son coiffeur qui a répondu "Pourquoi pas ?". Elle est allée se préparer dans la salle de bain puis est revenue, nue sous le foulard transparent et a lancé : "Pas mal pour 36 ans, non ?". Elle avait visiblement envie de se prendre au jeu. Elle buvait le champagne que j’avais emmené sur la demande de son agent, et j'ai remarqué que son maquilleur ajoutait un peu de vodka dans son verre. Les heures passant, elle est devenue plus provocante encore. Je n'avais pas besoin de lui faire des suggestions, elle inventait les poses toute seule. Nous avons continué jusqu'à deux heures du matin, mais Vogue a jugé cette série trop provocante et en a commandé une seconde, plus habillée " .
Marilyn – Second shooting"Ma première question à Marilyn a été "Marilyn, comment va votre vie amoureuse ?" Et elle a éclaté de rire, ce fameux et magnifique rire… mais elle n’a jamais vraiment répondu. Sur le coup, je n’ai pas remarqué qu’elle était déjà nostalgique. Elle semblait vraiment de bonne humeur et comptait peut-être sur ces photos dans Vogue pour "relancer" sa carrière. Bien sûr, rétrospectivement, je devine une certaine fragilité sur certains clichés, notamment celui-ci où elle se cache le visage. C'est un de mes préférés. Cette photo de Marilyn en robe Dior correspond à la seconde fois où nous nous sommes vus car Vogue souhaitait davantage de photos de mode et non de nu pour faire le portfolio dont ils rêvaient. Comme la première fois, elle est arrivée avec deux heures et demi de retard. Cette fois-ci, j'avais commandé du Château Lafite... Elle a posé pendant des heures et des heures avec les robes. Et puis, au bout d'un moment, j'ai demandé à l'équipe de sortir. Marilyn s'est enroulée, nue, dans un drap et s'est allongée sur un canapé. J'ai réalisé toute une série de clichés. Puis, elle s'est endormie, sans doute un peu sous l'effet de l'alcool, et je suis sorti".
Catherine Deneuve – New York 1961
"C’était sa première fois à New York, elle manquait énormément de confiance en elle, doutait comme une enfant… mais ça la rendait si belle. Je tenais absolument à la photographier".
Romy Schneider et Alain Delon – Cannes 1962
"C’était le plus beau couple d’acteurs de l’époque mais en réalité ils se disputaient tout le temps ! Même sur le voilier où nous avons fait la séance photo ils n’ont pas arrêté de s’engueuler puis de se rabibocher comme des enfants… mais ils ressemblaient à des anges".
Kate Moss – New York 2001
"Je devais la photographier pour Vogue et c’est sûrement le meilleur top model avec qui j’ai travaillé. Tellement gracieuse et facile à vivre".
Audrey Hepburn – Paris 1966
"On était réunis à Paris pour shooter une publicité pour le parfum L’Interdit de Givenchy. Les gens ne réalisent pas à quel point Audrey était drôle, un vrai clown. C'est elle qui s'amusait à faire ce genre de pause".
"Audrey ne se prenait pas au sérieux et était très loin de son image d’icône. Elle était douce et extrêmement à l’écoute de ce dont j’avais besoin en tant que photographe".
Twiggy – New York 1967
"Twiggy était très jeune et tellement naïve… presque crédule !"
Elizabeth Taylor et Richard Burton - Juin 1962 Rome
"La 20th Century Fox m’avait demandé de les photographier durant le tournage de Cléopâtre qui faisait beaucoup de bruit à l’époque à cause de l’histoire d’amour sulfureuse et scandaleuse naissant entre les deux acteurs."
"Liz et Richard étaient fous amoureux mais cette passion les dévorait, ils se sont mariés et ont divorcé deux fois. Aussi mythique que chaotique, leur histoire n’a cessé de faire fantasmer le monde. Pourtant à mes yeux, ils étaient de vraies âmes sœurs".
Madonna – New York 1985
"Madonna est arrivée au shooting comme une diva, extrêmement prétentieuse, bruyante et entourée de sa garde rapprochée. Je l’ai photographié durant 5 minutes et je n’en déjà pouvais plus. La photo était pour le Time Magazine qui consacrait un article à la nouvelle artiste pop qui serait nommée aux Grammy Awards. Mais finalement Cindy Lauper a gagné et Madonna n’a pas eu le droit à sa couverture !"
Brigitte Bardot – Saint Tropez 1961
"J’étais dans le Sud de la France, à Saint-Tropez et je l’ai rencontrée alors que c’était totalement imprévu. J’ai eu beaucoup de chance car c’était la plus belle femme du monde à l’époque."
"Je l’ai photographié très rapidement, elle n’était pas très facile comme modèle, mais sa beauté transcendait tout ce que j’avais vu avant".
Sophia Loren – Pise 1962
"Elle semblait préoccupée et ailleurs quand je l’ai photographiée. Elle était au sommet de sa carrière et se faisait beaucoup de souci pour la suite et sa vie personnelle. Mais elle était très professionnelle, belle et sauvage comme un animal, et savait naturellement comment se mettre en valeur et utiliser les lumières à son avantage."
Kate Moss a le look Marilyn
La mannequin britannique Kate Moss, surnommée "la brindille" s'est inspirée de Marilyn Monroe pour certaines séances photos au cours de ces dernières années.
Tout d'abord comme ici pour W magazine d'avril 2006 où, sous l'objectif du duo Mert & Marcus, Kate apparaissait blonde platine, coiffure brushing surélevée, un verre à la main puis allongée sur un lit, ce qui n'est pas sans rappeler la dernière séance de Marilyn par Bert Stern.
Pour la campagne de publicité pour Longchamp d'hiver 2007, Kate est photographiée par Mario Sorrenti et arbore une chevelure coupée au carré, gonflé au brushing et blond blanc, la couleur que Marilyn arborait les dernières années de sa vie; de plus le maquillage de Kate -trait épais d'eye liner- et l'expression de son regard -tête penchée en arrière et yeux mi-clos- sont inspirés de Marilyn.
En 2008, la campagne d'Yves Saint Laurent choisit Kate pour représenter le rouge à lèvres: la photographie de cette campagne publicitaire s'inspire directement des photos que Marilyn avait barrée avec un marqueur lors de sa dernière séance d'avec Bert Stern.
Pour l'édition britannique de Vogue en décembre 2008, Kate Moss, photographiée par Nick Knight, est en couverture dépliante: cheveux courts et blonds, regard de séductrice, nue dans un drap blanc, le bras étiré vers l'objectif: cette pose lascive, langoureuse et sensuelle n'est pas sans évoquer les poses de Marilyn dans des lits de draps blancs (de Kirkland ou de Stern).
Dans le New York magazine de février 2009, c'est le photographe Bert Stern, auteur de la fameuse dernière séance de Marilyn, qui photographie Kate; et il semblerait qu'encore une fois, il se soit inspiré de sa séance d'avec Marilyn: studio au fond neutre, le modèle est seul face à l'objectif et joue avec l'objectif: jeu de regard et jeu de vêtement, poses à demies-nues, et différentes expressions du regard. Kate y apparaît encore blonde (mais désormais un blond plus naturel, finit le blond platine) et cheveux ondulés au rouleau. (>> voir les photos sur le site nymag )
Pour finir, même dans l'art Kate copie Marilyn: l'artiste Banksy a reprit les célèbres portrait de Marilyn par Andy Warhol pour les adapter sur Kate Moss !