Les critiques de Let's Make Love
Le Milliardaire
Les critiques
New York Times
L'inconsistance du film réalisé par George Cukor et le scénario bourré de clichés de Norman Krasna empêchent le dynamisme de Marilyn monroe de s'exprimer. Sa rencontre avec M. Yves Montand ne semble finalement pas si importante.
Hollywood Citizen News
Miss Monroe n'est aussi convaicante comme actrice que comme vedette de comédie musicale. Son jeu est correct mais n'impressionne pas beaucoup. Pour le plaisir des yeux ? Marilyn nous offre ses magnifiques courbes, avec un excédent de rondeurs. Et si l'on faisait un petit régime ?
New York World-Telegraph and Sun
Dans Let's Make Love, Marilyn Monroe joue le rôle le plus comique de sa vie (...). C'est une farce gaie, saugrenue et délicieuse (...). Marilyn supporte la comparaison avec Mary Martin lorsqu'elle chante My heart belongs to daddy dans la première scène. Le soir où j'ai vu le film, le public l'a applaudi à tout rompre.
New York Daily Mirror
Comédienne de premier plan, Miss Monroe n'a pas la moindre réplique marquante. Seuls ses célèbres charmes sont mis en évidence.
Télé 2 Semaines (3 coeurs)
La rencontre Marilyn Monroe / Yves Montand tient toutes ses promesses grâce notamment à la réalisation de Cukor.
Télé 7 Jours (2 Sept)
Une magistrale réflexion sur le spectacle et sur le pouvoir corrupteur de l'argent qui ne manque ni de classe, ni d'élégance, ni d'humour. Du pur Cukor en somme. Toute la finesse aussi d'Yves Montand et son tendre duo avec l'inoubliable Marilyn Monroe, sous les traits ici d'une déesse en collants noirs.
Télé Cable Sat (2 étoiles)
Cette honnête comédie musicale consacrée au monde du spectacle marquait les premiers pas d'Yves Montand dans un film américain.
Télé Loisir (2 étoiles)
Marilyn possède toujours le même charme fragile et ravageur. Lorsqu'elle chante "Mon coeur appartient à papa" ("My heart belongs to daddy"), on craque ! Yves Montand n'est pas toujours convaincant dans son rôle de milliardaire capricieux, en particulier lorsqu'il prend des cours de chant avec Bing Crosby.
Télé Star (2 T)
Bien qu'assez impersonnelle, cette comédie musicale nous gratifie de quelques jolies scènes et numéros chorégraphiés, ajoutés à la présence du couple Marilyn Monroe -Yves Montand, contribuent à faire du "Milliardaire" un agréable spectacle.
Les Inrockuptibles (Hors Série - 2012 - par Hélène Frappat)
Après la femme fatale (Niagara), l'entraîneuse (Bus Stop), la petite désarmée qui chuchote des berceuses ensorcelantes (Rivière sans retour), la bécasse "à moitié enfant - pas la moitié visible" (Chérie, je me sens rajeunir), le produit d'appel publicitaire (Sept ans de réflexion), la "chercheuse d'or" (Les hommes préfèrent les blondes, Comment épouser un millionnaire), la créature "camp" (Certains l'aiment chaud), quel avatar d'elle-même Marilyn construit-elle avec George Cukor dans Le Milliardaire ? La mise en scène de Cukor, dernier cinéaste à avoir filmé Marilyn en 1962 dans le film fantôme inachevé Something's Got to Give, est étonnemment tendre si on se réfère à la légende hollywoodienne selon laquelle le cinéaste organisait des concours de fausses Marilyn au cours desquels il faisait défiler de jeunes éphèbes, grimés et travestis, au bord de la piscine de sa villa, le dimanche.
Dans Le Milliardaire, Marilyn exhibe une vérité dont aucun faux "sosie" ne saura jamais faire passer le frisson: la blonde "taie d'oreiller sale" (comme elle qualifiait elle-même sa couleur) a désormais choisi d'aller vers le blanc. En 1960, alourdie par un abus de champagne et de neuroleptiques qui ralentissent son jeu et rendent sa diction encore plus vaporeuse, Marilyn est presque aussi platine que dans Something's Got to Give, où sa chevelure brûlée, cassée se fond dans la robe et le peignoir blancs choisis par Cukor pour souligner le devenir spectral de la star.
Les costumes du Milliardaire (un Burberry sous lequel elle paraît nue, un pull irlandais bleu vif, des collants noirs de danseuse, une chemise de nuit bleu ciel, un béret noir) ont peu de relief comparés au grain de sa peau. Son corps entier semble poudré, velouté de blanc, pour s'unir à la chevelure abîmée, décolorée, laiteuse. Marilyn coïncide désormais avec le fantôme que son partenaire Tony Curtis avait renommé, sur le tournage de Certains l'aiment chaud, "M.M., Missing Marilyn", Marilyn (la blonde essentiellement) manquante. Dans Le Milliardaire, son personnage Amanda réussit la coexistence du passé lointain et de l'avenir proche de la star: le passé, c'est l'enfant Norma Jeane, orpheline bègue qui redoublait toutes les syllabes (et a choisi, pour se cacher ou renaître au grand jour, un pseudonyme en forme de double "M"). Cette petite fille fantôme, petite fille malade qui hante d'autres icônes blondes (Marnie), chante "my heart belongs to daddy, da-da-da-da-da-da-da-dad..." Et l'avenir proche, c'est le moment où les cheveux définitivement morts (du Milliardaire à Something's Got to Give en passant par Les Désaxés en 1961) aussi décolorés que la surface entière de la peau, ne renvoient plus aucune lumière, mais l'absorbent toute. Alors la blonde-enfant devient blonde-cadavre, qu'aucun partenaire masculin, surtout pas le fade et emprunté Yves Montand, ne parvient à ramener à la vie. Telle est la mort lente, l'extinction de la lumière de la dernière star, que contemple, en 1960, le regard mélancolique de George Cukor. Une étoile est morte. Et juste avant de s'éteindre, elle nous a murmuré, droit dans les yeux: Let's Make Love.
Télérama (Hors Série - Mai 2012 - par Cécile Mury)
Collants noirs, pull moulant d'adorables rondeurs, Marilyn ne chante pas, elle ronronne. In sexy french dans le texte: "Mon coeur... est à papa !" Elle est si captivante qu'on en oublierait presque son unique spectateur: notre Yves Montand national, subjugué en direct. Le milliardaire du titre, c'est lui, qui se fait embaucher incognito dans une revue de Broadway pour les beaux yeux de Marilyn, pardon, Amanda, la chanteuse vedette. Marivaudage, jeu de dupes, guest stars de luxe (Bing Crosby, Gene Kelly): Le Milliardaire mérite mieux que les éternels commentaires sur la tapageuse liaison Montand-Monroe, qui dura peu ou prou le temps du tournage. Devant les caméras, l'alchimie des deux comédiens est bien plus excitante: lui, presque sévère, visiblement mal à l'aise dans cette incursion en terre hollywoodienne, offre un contraste touchant avec sa vivacité à elle, un ouragan doux, un oiseau de paradis, naïf et palpitant, prêt à se laisser cueillir en plein vol.