Article publié le 06/10/10 en ligne sur liberation.fr
Interview - Cotraductrice de James Joyce, Tiphaine Samoyault a travaillé sur «Fragments» :
La traduction des Fragments a été faite par Tiphaine Samoyault, qui est une des cotraductrices d’Ulysse, de James Joyce, et travaille actuellement sur une biographie de Roland Barthes.
Vous avez tout de suite accepté ce projet ? Oui et non, j’étais un peu interloquée par la proposition. C’était comme si on me proposait de rencontrer quelqu’un d’ultracélèbre, d’ultra-auratique ; comme si on me disait : demain tu vas rencontrer Obama en tête-à-tête, parce que la traduction est quand même un tête-à-tête. Après, c’est devenu extrêmement fort de faire cela. Les choses très simples dont elle parle tout le temps, le rapport aux hommes… C’est étonnant, je traduisais des phrases que je venais de prononcer, ou inversement… mais c’est une expérience qui aurait été partagée par toute traductrice.
En dehors de ce que je fais pour la revue Poésie, j’ai une seule expérience importante de traduction, c’est Ulysse, de Joyce. C’est drôle, il y a dans Fragments cette célèbre photo de Marilyn lisant Ulysse. Il y a d’autres photos d’elle lisant, mais quand elle lit Arthur Miller, on voit que c’est une photo posée ; quand elle lit Whitman ou Joyce, elle lit vraiment.
Quelle est la particularité de cette traduction ? Je travaillais sur un manuscrit non établi : au départ, j’ai eu une liasse qui correspondait à un premier déchiffrement fait par les éditeurs. Ensuite, tout a beaucoup bougé, la datation et l’ordre des textes, leur lecture même… Jusqu’à la fin, on a hésité sur la lecture de certains mots. Parfois, c’était lié à l’illisibilité de l’écriture - notamment les notes écrites sur le papier à en-tête de l’hôtel Waldorf, une époque où elle était très désespérée -, et parfois à son orthographe fantaisiste. Même si elle se perfectionne incroyablement avec les années, elle a quand même un anglais fragile.
Etre devant un texte complètement instable était très intéressant : cette instabilité correspond tellement à l’instabilité affective dont témoignent ces textes que cela rendait l’expérience assez forte, un peu totale.
J’ai trouvé qu’il y avait là une vérité profonde : même dans le côté solaire de Marylin, même dans sa beauté, sa lumière, il y a quelque chose d’instable.
Comment avez-vous travaillé sur ces textes ? Le premier, une note qu’elle a écrite à 17 ans, est dans un anglais vraiment très hésitant. Après, quand on voit tout le travail qu’elle fait sur la langue, le souci qu’elle a de bien parler et bien écrire l’anglais, de chercher les nuances, fait que, dans la traduction, je n’ai pas reporté toutes les hésitations de la première note.
Par ailleurs, selon l’état dans lequel elle est, sa graphie change beaucoup, c’est très troublant parce qu’au bout d’un moment, il suffit de voir une page pour savoir comment elle est. Mais c’est aussi sensible pour le lecteur attentif.
Parmi les textes que j’aime le mieux, il y a ce poème magnifique, «J’ai quitté ma maison verte en bois brut…», et j’adore évidemment celui sur les ponts, que je trouve très puissant, très elliptique. Et aussi la longue lettre au docteur Greenson, très articulée, très belle. On voit bien comment entre la première note, écrite dans une très grande inquiétude liée à une probable infidélité de son mari, et cette lettre-ci, elle a acquis une maîtrise. Cela ne la rend pas forcément plus heureuse, mais elle a une maîtrise de son expression, même dans les moments incontrôlables. Cette aptitude à l’auto-éducation m’a beaucoup touchée. Elle a été aidée par des gens qu’elle a rencontrés, mais elle a su les rencontrer.
En même temps que cette traduction, vous étiez en train d’écrire la biographie de Barthes… J’ai commencé ce travail sur Barthes il y a un an et demi. Mais je n’étais pas dans les deux manuscrits et je n’avais pas les deux graphies dans la tête en même temps. Dans les deux expériences, il y a quelque chose de très intime. On sort d’un rapport au texte pour entrer dans un rapport de grande proximité avec les êtres, qui passe par le rapport très concret au papier, aux écritures, aux encres…
Après, ce qui est étonnant chez Barthes, c’est que cet esprit si articulé, éduqué - suréduqué, même -, qui a une maîtrise totale de la langue, cède progressivement, il est attiré par la non-maîtrise. On le voit bien dans ses derniers cours, ses derniers textes, la façon dont il entre dans le discontinu. Avec Marilyn, c’est un peu l’inverse. On a un texte discontinu par défaut, et une quête progressive de la maîtrise.
Finalement, qu’est-ce que cette traduction représente pour vous ? Au départ, je ne savais pas à quoi m’attendre, j’aurais pu avoir des petites lettres, cela aurait pu être plus anodin. Je me disais que ce n’est pas très sérieux, comme s’il y avait un décalage avec ce que je suis. Et, en cours de route, c’est devenu une expérience très forte. J’ai trouvé qu’il y avait, à la fois dans ce qu’elle écrit et dans la façon dont ce texte nous arrive, quelque chose de puissant, qu’on ne peut posséder complètement, qui est de l’ordre de l’instabilité, de la fragilité dans l’écriture, mais aussi l’inachèvement. Au bout du compte, j’ai été très fière et très touchée d’avoir fait ça.
Article publié le 1er octobre 2010 par Jean-Marc Parisis en ligne surlefigaro.fr
Non, elle n'était pas une ravissante idiote ! Les poèmes, notes et lettres laissés par Marilyn montrent que l'actrice américaine savait aussi écrire. Avant sa sortie mondiale dans une dizaine de pays, Jean-Marc Parisis a lu, le livre le plus attendu de l'automne, publié grâce à un éditeur français.
Longtemps elle n'est allée qu'à l'école de la vie dans les faubourgs de Los Angeles. Un père qui s'éclipse avant sa naissance. Une mère schizophrène, avec qui elle vivra brièvement à 7 ans, avant de la voir partir à l'asile. Un séjour à l'orphelinat entre deux familles d'accueil. Des études écourtées pour convoler à 16 ans, en juin 1942, avec James Dougherty, de cinq ans son aîné, le fils d'un voisin d'une famille d'accueil. James «ne coïncidait pas en réalité avec l'idéal de l'homme de mes rêves probablement étais-je très fortement attirée par lui comme l'un des rares jeunes gens pour lesquels je n'avais pas de répulsion sexuelle», explique-t-elle dans la longue note ouvrant les Fragments. L'ensemble de ce texte introspectif, lumineux et chaotique, fut-il vraiment écrit vers 18 ans? Le recul face aux événements, les ruptures de ton et de temps, le choix assumé d'un «point de vue objectif et analytique» (sic) et la frappe à la machine interrogent. Marilyn griffonnait sur des carnets, des feuilles volantes, des bouts de papier. S'agit-il de notes éparses mises au net ultérieurement ? Ce n'est pas la seule zone d'ombre de ces Fragments (manuscrits ou dactylographiés) alignant une Marilyn dans tous ses états d'écriture: écrits intimes, lettres, poèmes, recettes de cuisine, notes diverses. La teneur d'un certain nombre de textes étant loin d'être inédite, c'est autant le fond que la forme de l'ouvrage, son principe d'accumulation, sa mise en perspective biographique qui font sa singularité. Précisons que Marilyn ne se souciait aucunement de reconnaissance littéraire (ses souvenirs sont posthumes et rapportés). Elle n'écrivait que pour se rassembler, se donner l'heure, elle qui était toujours en retard. Dans le monde, pour le monde, elle se voulait actrice.
Dougherty n'aurait donc jamais dû s'embarquer dans la marine marchande, sa petite femme en a profité pour réanimer un rêve de gloire enfantin en posant pour des magazines de pin-up. Quand le marin revient, elle ne pense plus qu'au cinéma, ils divorcent en 1946. Le magnat Howard Hughes a remarqué Norma Jean Baker sur un magazine. Rebaptisée Marilyn Monroe par la Fox, elle commence par jouer les utilités blondes. Même après ses prestations dans Eve de Mankiewicz et dans Quand la ville dort de Huston, elle ne passe pas pour une cérébrale à Hollywood.
En 1951, assistant à une discussion entre Elia Kazan et le dramaturge Arthur Miller, l'auteur de Mort d'un commis voyageur, elle se trouve «effroyablement stupide. Je ne connaissais rien à la peinture, à la musique, à la littérature, à l'histoire, à la géographie»(1). Elle suit un cursus d'histoire de l'art, se plonge dans Freud et les classiques. Bientôt elle lira Ulysse de Joyce en débardeur bariolé. Ce rattrapage se double de cours de comédie ; elle consigne studieusement dans un carnet: «Une actrice n'a pas de bouche», «Ecoute avec les yeux», «Flottement», «Tension». Quand elle note «Seule!!!!!!» et «Je crois en moi jusque dans mes sentiments les plus délicats et ténus», elle a doublement raison. Après Niagara, le producteur Darryl Zanuck, qui la surnommait «Tête de paille»(1) à ses débuts, la voit en poule aux œufs d'or. Mais c'est son tour de mépriser Hollywood, ses têtes vides, ses bourses pleines. Elle préfère parler poésie avec Edith Sitwell. L'envol de sa robe au-dessus de la bouche de métro sur Sept ans de réflexion a pourri son mariage avec l'ex-base-balleur Joe DiMaggio. Elle veut changer d'air, de films, lancer sa maison de production. Fin 1954, en lunettes et perruque noires, elle prend un billet au nom de Zelda Zonk et s'envole pour New York.
A New York, c'est la rencontre décisive avec Lee Strasberg, le directeur artistique de l'Actors Studio. Il collectionne les livres, écoute Mozart et passe pour un gourou. Il conseille à ses élèves d'entamer une psychanalyse pour exprimer leur potentiel. En entrant à l'Actors Studio, Marilyn entre aussi en psychanalyse, chez le Dr Margaret Hohenberg. Sur du papier à en-tête de l'hôtel Waldorf Astoria, où elle loge l'année de son arrivée à New York, elle lâche des mots édifiants sur l'emprise du mentor et de la psy: «Le meilleur des chirurgiens - Strasberg doit m'ouvrir le corps ce qui m'est égal puisque le DrH m'a préparée - m'a donné un anesthésiant, mais elle a fait aussi un diagnostic et est d'accord avec ce qui doit être fait - une opération pour me rendre à la vie et pour de cette terrible maladie, quelle qu'elle soit.» Cela ressemble à un mauvais rêve.
A New York, elle retrouve Arthur Miller. L'homme à la silhouette de héron est inquiété pour ses idées communistes. Marilyn s'en fout, qui griffonne dans un agenda un hymne auseul «être humain que j'ai jamais rencontré que je pourrais aimer non seulement comme un homme que je désire jusqu'à en être pratiquement affolée - mais (...) en tant qu'autre être humain à qui je fais confiance autant qu'à moi-même». Son problème, c'est la confiance en elle. En atteste une note ironique de 1955: «Souviens-toi que tu peux être assise au sommet du monde (on ne dirait pas).» S'asseoir n'est pas son genre. Malgré l'insistance de Tennessee Williams, Kazan ne voudra plus de ses fesses pour Baby Doll: «Il dit que j'ai été à ce point déifiée comme sex symbol que le public ne me verra jamais comme une vierge ou une fille de dix-neuf-vingt ans.»
Le sex-symbol électrise les intellos de Manhattan. Elle se lie avec Carson McCullers, le garçon manqué aux joues en côtes d'agneau. L'inévitable Truman Capote l'escorte en boîte de nuit et se rappellera plus tard que c'est en 1955 qu'elle «commença à avaler trop de cachets et à boire trop de champagne»(1). Quand elle annonce qu'elle veut jouer le rôle de Grushenka dans Les Frères Karamazov, les mongols d'Hollywood ricanent. Là-bas, on l'attend au tournant sur Bus Stop de Joshua Logan. Malgré les cours de Strasberg et la présence de sa femme Paula, dépêchée en chaperon sur le tournage, elle panique toujours autant. «Dès que j'entre dans une scène je perds ma relaxation mentale (...). Ma volonté est en éveil mais je ne peux rien supporter. J'ai l'air folle mais je crois que je suis en train de devenir folle.» Terreur récurrente qui obligera Strasberg à débarquer sur le tournage londonien du Prince et la Danseuse (ça barde avec Laurence Olivier) et Miller à se pointer sur celui de Certains l'aiment chaud pour la sortir de la loge où elle se barricade.
En tournant Le Prince et la Danseuse, nouvellement mariée à Miller en cet été 1956, elle s'aperçoit qu'elle n'est pas la seule à noircir du journal intime. Elle est tombée sur celui de Miller, qui se dit déçu par elle. On ignore si c'est avant ou après la trouvaille qu'elle couche sur du papier de sa résidence du Surrey: «Je pense que j'ai toujours été profondément effrayée à l'idée d'être la femme de quelqu'un car j'ai appris de la vie qu'on ne peut aimer l'autre, jamais, vraiment.» En villégiature dans leur campagne de Roxbury (Connecticut), elle écrit vers 1958 qu'elle «déteste être ici parce qu'il n'y a plus d'amour». Que des barbituriques, des terreurs, des fausses couches et des livres.
La lionne et la poétesse. Dans Certains l'aiment chaud et Marilyn (2), son collègue Tony Curtis raconte qu'elle sortait de la salle de maquillage avec Les Droits de l'homme de Thomas Paine en main. Les livres, les écrivains, les mots furent ses meilleurs compagnons, ceux qui convoquaient ses parts de raison et de goût les plus sûres. Elle fut la première à morigéner Miller à propos des faiblesses du scénario des Désaxés. Perdue à tous les étages de sa vie, elle s'y retrouvait dès que l'esprit flottait quelque part. En 1959, McCullers lui présente Karen Blixen, qui la décrit «d'une vitalité sans frein et d'une incroyable innocence», en «jeune lionne» exhalant un «sentiment presque écrasant de force invincible». Ecrire la tenait aussi debout. Les manuscrits poétiques des Fragments sont fébriles, biffés. On serait tenté d'y voir les signes de son désordre intérieur, mais, après tout, il s'agit d'ébauches, de brouillons, de variations. On connaissait d'ailleurs plusieurs de ces textes pour les avoir rencontrés ailleurs sous une forme ou sous une autre, mais il est toujours bon de lire :
«Vie
Je suis tes deux directions
Demeurant tant bien que mal suspendue vers le bas
le plus souvent
mais forte comme une toile d'araignée dans le vent (...)»
Lapidaires, mouchetés, bousculés ou filant droit, fléchés, métastasiques, voués à la mort, bucoliques, sensibles aux fleuves et aux ponts, striés de terreurs enfantines, les poèmes et la prose de Marilyn exhalent une odeur de nerfs brûlés, mais ils sont comme elle, à large spectre, et témoignent parfois d'un humour sidéral, telle cette espièglerie destinée à son ami le poète Norman Rosten, son lecteur privilégié:
«Norman si difficile à contenter
quand tout ce que je veux c'est taquiner
Si ça doit rimer
Pourquoi s'offusquer?
Après tout ce temps passé sur la terre»
En préface de Fragments, Antonio Tabucchi analyse assez prodigieusement la gentillesse de Marilyn. Il est moins probant quand il suppute que si elle avait été moins belle, elle n'aurait pas fait de cinéma, elle aurait publié ces textes, avant de se suicider comme Sylvia Plath. Marilyn n'a peut-être écrit que parce qu'elle était actrice, contre la pression du star-system et les malentendus induits par sa beauté, dans la position, comme l'écrit Norman Mailer, d'«un poète au coin de la rue essayant de réciter ses vers à une foule qui lui arrache ses vêtements».
Au printemps 1960, c'est une femme au bout du rouleau qui couche avec Yves Montand sur le tournage du Milliardaire et qui le fait savoir à la presse pour écœurer Miller. En juin, avant de démarrer Les Désaxés, radeau de la méduse carbonisé dans les sables du Nevada, John Huston craint le pire. Fin août, elle est hospitalisée, avant de reprendre le collier. Elle n'achèvera plus d'autre film.
Pas de secret d'Etat, des états d'âme. Dans les premiers mois de 1961, après son divorce d'avec Miller, elle écrit deux lettres, déjà publiées, avec quelques variantes, dans Marilyn dernières séances (3) de Michel Schneider. Dans la première, elle appelle à l'aide le couple Strasberg après la trahison du Dr Marianne Kris, la psy qui l'a fait boucler à son insu dans une «division psychiatrique», un «cauchemar», elle se voit «devenir folle», comme sa mère. La seconde est pour un autre psy, le Dr Ralph Greenson, alors qu'elle récupère dans un hôpital plus humain. Elle dit lire la Correspondance de Freud, et pleurer sur la photo d'un Sigmund paraissant «vraiment déprimé». En post-scriptum, elle évoque «Yves», dont elle n'a «aucune nouvelle», mais de qui elle garde «un souvenir fort, tendre, merveilleux».
Il n'y a rien dans ces Fragments sur ses rapports avec John Kennedy, si ce n'est peut-être une allusion dans la lettre à Greenson : «Lorsque j'ai prononcé le nom d'une certaine personne, vous avez lissé votre moustache et regardé le plafond. Vous devinez de qui il s'agit? Il a été pour moi (en secret) un ami très tendre.» S'il s'agit de Kennedy, un poème de la star, intitulé Sur les habits d'hôpital, en forme de cadavre exquis, résonne étrangement :
«Mon derrière
nu
pointe dans l'air
quand ce n'est pas volontaire (...) »
Au milieu des années 50, Kennedy fut opéré du dos. Dans sa chambre un poster, Marilyn debout sur la plage, en short, cambrée sur ses jambes écartées. Détail : le poster est fixé la tête en bas. Dans le sens de la tendresse kennédyenne.
Fragments ne révèle aucun secret d'Etat, seulement les états d'âme de Marilyn. On attend toujours la réapparition de son carnet rouge dit «carnet de secrets»(1) disparu dans les méandres de l'enquête après son improbable suicide, mais c'est une autre histoire. Pour l'instant, il y a cette panthéonisation littéraire qui nous rapproche d'elle intensément. En annexe, on a droit à un échantillonnage de sa bibliothèque: Hemingway, Conrad, Beckett, Flaubert, Camus, Steinbeck... Marilyn a dû souvent poser ses yeux sur ces couvertures : on dirait qu'elles nous regardent.
Fragments, Marilyn Monroe, édité par Stanley Buchthal et Bernard Comment, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Tiphaine Samoyault, préface d'Antonio Tabucchi, Seuil, 269 p., 29 € (en librairie le 7 octobre).
(1) Cité par Don Wolfe, dans Marilyn Monroe. Enquête sur un assassinat (Albin Michel), à qui l'on doit aussi l'anecdote sur le poster de Kennedy.
Article publié le 1er octobre 2010 par Nicolas Ungemuth en ligne surlefigaro.fr
Bernard Comment copilote l'édition mondiale du livre, qui sort d'abord en France. Crédits photo : Hermance TRIAY/Opale
Incroyable : c'est un éditeur français, Bernard Comment, qui est le maître d'oeuvre de la publication mondiale de Fragments. II nous raconte le making of de ce livre vraiment pas comme les autres.
Un jour d'octobre 2008, Lou Reed se trouvait à Paris pour la sortie d'un recueil des textes de ses chansons que je publiais dans ma collection, «Fiction &Cie». Le soir, il est invité à un dîner et annonce qu'il s'y rendra seulement si je peux l'accompagner. Lors de ce repas organisé pour les grands collectionneurs, l'avant-veille de la Fiac, je suis assis près de Stanley Buchthal, qui me dit: «Lou m'a indiqué que vous êtes éditeur. Depuis quelques mois, je m'occupe de la succession de Marilyn Monroe parce que je suis un ami de la famille Strasberg. Ils sont les ayants droit des affaires de Marilyn et ils ont découvert des papiers inédits d'elles, des poèmes, des notes.
Cela vous intéresserait de les voir?; j'aimerais connaître votre avis.» J'accepte immédiatement.
A New York, chez Anna Strasberg
Deux mois plus tard, je le retrouve à New York chez Anna Strasberg, la veuve et seconde femme de Lee Strasberg. J'arrive au rendez-vous avec vingt minutes de retard. Elle m'accueille en souriant : «Mon mari avait expliqué à Marilyn qu'il ne pourrait jamais travailler avec elle parce qu'elle ne savait pas être à l'heure. "Il m'est impossible d'être ponctuelle", lui avait-elle répondu. Lee lui avait alors lancé: "C'est simple: désormais, venez avec vingt minutes d'avance !"».
On me montre ce jour-là sept ou huit documents. Je n'ai pas le droit de les toucher ni le temps de les lire vraiment. Je repère qu'il y a des poèmes, des textes plus longs, des notes. Anna Strasberg me demande mon avis. Je pense qu'il y a peut-être matière à un livre, à condition de montrer les fac-similés, qui véhiculent l'émotion. Je lui dis surtout qu'il faut envisager un livre «littéraire» (ce que je sais faire), tout en ajoutant que je n'ai pas d'argent. Je précise aussi que si je travaille sur le projet, il faudra trouver dans le reste du monde des éditeurs ayant un profil similaire au mien - littéraire et sans grands moyens. Le visage d'Anna Strasberg s'illumine : «Cela fait des années que j'attends qu'on me tienne ce discours. Je ne suis pas là pour gagner de l'argent, je souhaite donner une belle image de ce trésor et le transmettre de la plus belle façon possible.»
Lors de notre deuxième rendez-vous, j'arrive avec vingt minutes d'avance et un bouquet de pivoines. Je demande au concierge de monter les fleurs en lui précisant que j'arriverai plus tard, et me présente pile à l'heure. «Comment saviez-vous que les pivoines étaient mes fleurs préférées?», me demande-t-elle. C'était juste de la chance...
Anna Strasberg venait de retrouver de nouveaux documents dans une boîte laissée par son mari. Cette fois, je peux en consulter un certain nombre et je prends la mesure du projet. Elle m'offre alors ce qu'il y a de plus précieux : sa confiance. Je ne peux pas donner de chiffres, mais nous avons signé le contrat pour une somme dérisoire. Si je le disais, personne ne le croirait !
Je commence donc à travailler et décide d'insérer des photos, mais quelques-unes seulement : il ne s'agit pas de faire un « beau livre ». Je passe des centaines d'heures à chercher des photos de Marilyn, prioritairement celles où elle tient un livre à la main, pour apporter une cohérence iconographique à l'ensemble. Anna Strasberg adore l'idée. La confiance est définitivement établie, et j'ai enfin le droit de scanner tous les documents. Je reviens à Paris avec un disque dur externe que je ne lâche pas durant tout le voyage !
C'est alors le début d'une grande aventure, presque solitaire, sur mon ordinateur. Il faut faire les transcriptions, les traductions, et organiser les documents par thématiques. A cause des clauses de confidentialité démentes imposées par les Américains, je ne peux travailler que chez moi : presque personne au Seuil n'est au courant. Je dois me familiariser avec un logiciel de mise en pages et j'envoie quelqu'un à New York photographier les documents : je veux que le livre restitue la matière du papier, les supports sur lesquelles Marilyn écrivait, les nuances de gris de son crayon, etc. Une fois la maquette bien avancée, je l'envoie à Anna Strasberg, qui me rappelle rapidement, très émue, pour me remercier. La fabrication technique du livre sera elle aussi très compliquée. Fragments ne se présente pas en quadrichromie, mais en cinq couleurs : il y a régulièrement un rouge pantone sur lequel il faut immédiatement mettre un vernis.
En janvier 2010, Anna Strasberg me charge de trouver les autres éditeurs pour le reste du monde. Sans passer par un agent, ce qui est très rare, sans mise aux enchères et dans le même esprit qui a prévalu à l'édition française. J'en sélectionne plusieurs à qui nous demandons des lettres de motivation : c'était leur image, leur prestige littéraire et leurs intentions qui nous importaient avant tout. D'ailleurs, ce ne sont pas ceux qui proposaient le plus qui l'ont emporté !
Le livre sort dans les prochains jours presque simultanément dans dix pays. D'autres suivront en 2011. Hormis aux Etats-Unis, ce sont les éditions du Seuil qui impriment l'ouvrage, afin qu'il ressemble le plus possible à la version française.
C'est ainsi que ce projet fou a abouti. Je crois que nous avons réussi à retransmettre l'émotion des textes de Marilyn. C'était fondamental pour Anna Strasberg comme pour moi.
Inutile de dire que depuis, j'ai longuement remercié Lou Reed...
Un livre dévoile ce que Marilyn Monroe écrivait d'elle
Article publié le 30/09/10 par François BARRAS en ligne sur TribunedeGenève
ÉDITION| Premier
livre «écrit» par Marilyn, «Fragments» veut faire l’événement. Au menu
de cette compilation de textes, un regard conscient et critique sur son
statut de pin-up hollywoodienne.
Le mythe de la blonde vivrait-il ses dernières heures? Le secret entourant la sortie, jeudi prochain, du recueil d’écrits de Marilyn Monroe entend présager d’un document explosif. Pensez donc: derrière l’ultime sex-symbol platine se dissimulerait une âme littéraire curieuse, passionnée et érudite! C’est du moins ce qu’annoncent les éditeurs de Fragments, poèmes, écrits intimes et lettres , l’Américain Stanley Buchthal et le Suisse Bernard Comment. «Un tsunami!» promet carrément ce dernier. En 1996 déjà, une première fournée de poèmes de l’actrice avait paru sous le titre délicat My Sex Is Ice-Cream (version anglaise seulement). Moins équivoque et en traduction française, Fragments propose «un regard totalement nouveau sur le mythe», assure Comment. Et son coéditeur de renchérir: «Il s’agit pour la première fois d’un livre sur le monde de Marilyn, vu à travers ses propres yeux en un regard intellectuellement exigeant. On découvre une femme qui cherche à fuir les clichés de la pin-up blonde pour lesquels, justement, elle est célèbre.»
Réflexions, lettres, résolutions et intimité Les 272 pages du livre devraient ainsi rassembler des textes de toutes formes: des réflexions personnelles, des lettres à son psychanalyste, une liste de résolutions, des extraits de carnets intimes, des notes de lecture (sur la Renaissance italienne!) et des essais poétiques parfois griffonnés sur des feuilles de calepins aux en-têtes des hôtels où résidait l’actrice en tournage. Elle se confierait sur les hommes de sa vie, principalement son troisième mari, l’écrivain Arthur Miller. Sa relation de tous les dangers avec le président Kennedy gagnera-t-elle en informations explicites? «Elle dit des choses sur toutes ses relations», assure aux Etats-Unis Courtney Hodell, éditeur chez Farrar, Straus & Giroux.
Une centaine de photos Ces écrits disparates sont présentés selon un ordre chronologique, de 1943 au décès de l’actrice, en 1962, à l’âge de 36 ans. Plusieurs d’entre eux sont reproduits en fac-similés et côtoient une centaine de photographies rares de Marilyn. Ce «catalogue» de lettres avait été confié aux bons soins de son agent (et fondateur de l’Actors Studio), Lee Strasberg. A la mort de celui-ci, en 1982, sa veuve a confié ce trésor inédit à Stanley Buchthal, un ami de la famille. Lettrée, Marilyn? Plusieurs témoignages font état de sa frénésie d’écriture. «Elle écrivait presque tous les jours», assure le romancier et psy Michel Schneider, auteur de Marilyn, dernières séances (Grasset, 2006). «A sa mort, la plupart de ses écrits ont été raflés par le FBI, qui voulait effacer toute trace de sa liaison avec les frères Kennedy.» En 1999, une vente aux enchères a dispersé la vaste bibliothèque de l’actrice regroupant tous les grands auteurs, dont ses poètes favoris – Robert Frost, James Joyce, Walt Whitman, etc. Demeure l’ultime interrogation: les confidences de l’actrice élucideront-elles le mystère de sa mort? Suicide ou meurtre? «Quelques passages semblent la rendre suicidaire», selon Hodell. Parmi eux, ce poème non daté: «Help Help/I Feel Life Coming Closer/When All I Want Is Die» ( «Au secours / Je sens la vie se rapprocher / Alors que je n’aspire qu’à mourir»).
Fragments, poèmes, écrits intimes et lettres S. Buchthal, B. Comment Seuil, 256 p.Parution jeudi 7 octobre
Article publié le 30 septembre 2010 en ligne surlefigaro.fr
L'acteur américain a succombé à un arrêt du coeur mercredi soir (29 septembre 2010), à l'âge de 85 ans.
Vers la fin de sa carrière, Tony Curtis était passionné de peinture. Il pose ici devant sa collection, en avril 2008. (Crédits photo : ABACA)
Il est entré dans la légende déguisé en femme dans Certains l'aiment chaud (1959), le film culte de Billy Wilder. Tony Curtis y interprète Joe le saxophoniste, contraint avec Jerry, son copain contrebassiste (Jack Lemmon), de se travestir pour échapper à des gangsters. En perruques, robes et talons hauts, ils se mêlent à un orchestre féminin où la pulpeuse Sugar (Marilyn Monroe), joueuse de banjo, leur fait battre le cœur. Et c'est en entrant dans un autre costume, celui de Junior le milliardaire, que Joe la séduit… Tony Curtis reconnaissait avoir une dette immense à l'égard de Certains l'aiment chaud. «Ce film occupe une place toute particulière dans mon cœur et dans l'histoire du cinéma». Il lui a consacré un livre de souvenirs, publié en France au mois de mars dernier (Certains l'aiment chaud et Marilyn, chez Le Serpent à plumes) qui dévoilait les coulisses du tournage de 1958. Il décrivait d'une plume vive et acérée, sans pudeur et avec humour, le Hollywood de l'époque autant que sa relation avec Marilyn. Une anecdote parmi tant d'autres? Lors d'une scène de baiser, Curtis a du mal à cacher son émotion. Après la prise, un technicien lui demande «Hé Tony! Ça fait quoi d'embrasser Marilyn?» Il rétorque: « Tu crois que c'est comment, mec? Comme d'embrasser Hitler?» Il est alors marié à Janet Leigh, épousée en 1951, avec laquelle il aura deux enfants, Kelly et Jamie. Ce triple rôle où il se démultiplie, où il change d'identité est très révélateur. Il est à l'image même de Tony Curtis, de son vrai nom Bernie Schwartz, dont la personnalité, entre ombre et lumière, est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.
Tony Curtis avec Jack Lemmon et Marilyn Monroe, ses partenaires dans Certains l'aiment chaud en 1959. (Crédits photo : ABACA)
«Je me suis toujours identifié à Dr Jekyll et Mr Hyde», confiait l'acteur dont l'existence avait toujours été hantée, obsédée par la schizophrénie de son frère, puis celle de sa mère. Il considérait d'ailleurs à juste titre que sa meilleure interprétation était celle d'Albert De Salvo, le tueur névropathe de L'Étrangleur de Boston (1968) de Richard Fleischer. Et ce n'est pas un hasard s'il choisit bien plus tard, en 1975, d'incarner un gangster schizophrène dans style de Menahem Golan… Du Bronx à Hollywood
Né le 3 juin 1925, Tony Curtis, petit gars du Bronx, fils d'immigrés juifs hongrois son père est tailleur, sa mère déjà usée par la vie à force d'avoir fait des ménages dès l'âge de 6 ans-, sera très jeune victime de l'antisémitisme ambiant. L'enfance pauvre et malheureuse laissera des séquelles. «J'étais battu par ma mère, agressive et hostile.» Une insécurité affective qui le métamorphosera plus tard en play-boy qui n'a pas peur de provoquer… «De toutes mes partenaires féminines, la seule avec qui je n'ai pas couché, c'est Jack Lemmon», confiera-t-il un jour, avec son humour dévastateur. Pour lui, le cinéma est une échappée belle, «nous allions très souvent voir des films, à huit ans je m'entraînais pour rentrer pour de bon dans l'écran».
Après une adolescence passée à jouer des poings autant que de sa belle gueule, il est dans la marine pendant la Seconde Guerre mondiale, à bord du sous-marin . Il assistera à la capitulation du Japon dans la baie de Tokyo, en 1945. À la fin de la guerre, le vétéran reçoit une bourse qui lui permet de s'inscrire au cours d'art dramatique, le GI Bill of Rights. Repéré sur les planches dans Golden Boy, il signe en 1949 un contrat de sept ans avec le studio Universal.
Dès son premier long-métrage, Pour toi, j'ai tué de Robert Siodmak, il devient populaire et enchaîne les films exotiques (Le Voleur de Tanger de R. Maté, Le Fils d'Ali Baba de K. Neumann) comme les rôles bondissants La Patrouille infernale (de S. Heisler). Il obtient la reconnaissance à 30 ans dans Trapèze de Carol Reed où il donne la réplique à Burt Lancaster qu'il retrouve dans Le Grand Chantage, satire implacable du monde de la presse signée Mackendrick. Tony Curtis y incarne un attaché de presse sans morale: «un type dévoré par l'ambition, cela me parlait», avoua-t-il. Plus tard, il n'hésite pas à aller dans plus de noirceur avec le rôle d'un condamné à mort raciste, enchaîné dans sa cavale à un prisonnier noir, incarné par Sydney Poitier (La Chaîne de Stanley Kremer). Après Les Vikings de Richard Fleischer, il est engagé par Kirk Douglas pour faire partie de l'aventure Spartacus de Stanley Kubrick. Il se détend dans les comédies légères: Opération jupons auprès de l'idole de sa jeunesse, Cary Grant, et Vacances à Paris, de Blake Edwards, le réalisateur de La Panthère rose…
Une vie riche et chaotique
Il était à l'aise dans tous les registres. «J'ai joué dans quatre-vingt-huit films, certains sont divertissants, d'autres sont devenus des chefs-d'œuvre immortels.» Sur le petit écran, il est l'inoubliable Danny Wilde: Amicalement vôtre , série des années 1970 devenue culte. Un duo de détectives sympathiques formé par Wilde, homme d'affaires américain, qui, comme Curtis, vient de la rue, face à Brett Saint Clair, le lord interprété par Roger Moore. Vers la fin de sa carrière, Tony Curtis s'était mis à la peinture, après une vie riche et chaotique. Avec ses démons -dépression, drogue- et ses chagrins -la perte d'un fils à la suite d'une overdose-, sans compter ses mariages multiples aussitôt suivis par des divorces. Au final, il aura toujours été sauvé par son ego. Personne n'est parfait.
L'acteur américain s'est éteint à l'âge de 85 ans.
Le journaliste hollywoodien James Bacon est mort le 18 septembre 2010 à l'âge de 96 ans dans sa maison de Northridge, un quartier de Los Angeles. Un ami de la famille, Stan Rosenfield, a déclaré que M. Bacon était mort dans son sommeil d'une insuffisance cardiaque congestive.
M. Bacon a amorcé sa carrière à Associated Press dans les années 1940 et a été l'un des plus importants journalistes vedettes d'Hollywood pendant 75 ans, en plus d'avoir été un écrivain et un chroniqueur.
Comme journaliste pour AP d'abord, puis chroniqueur au journal Los Angeles Herald Examiner, M. Bacon avait un talent pour apprivoiser les grandes célébrités. Il était proche de John Wayne, a partagé des whisky avec Frank Sinatra, était le confident de Marilyn Monroe et a rencontré huit présidents américains.
Il a aussi joué de petits rôles dans plusieurs films et est l'auteur de trois best-sellers, dont l'autobiographie de "Jackie Gleason How sweet it is", qu'il a co-écrite.
>> James Bacon et les stars d'Hollywood Lana Turner ; Liz Taylor et Mike Todd ; Marilyn Monroe
Lundi 4 octobre 2010 20h00 - france culture Lecture: Marilyn Monroe, Fragments
France Culture propose une lecture INEDITE et EN AVANT-PREMIERE de la sortie mondiale, de Marilyn Monroe, FRAGMENTS, -qui regroupe poèmes, écrits intimes, lettres-, par l’actrice Anna Mouglalis, en public au Théâtre de la Madeleine (19 rue de Surène, 75008 Paris) et en direct sur France Culture le lundi 4 octobre à 20h.
Trois jours avant la sortie mondiale des carnets intimes de Marilyn Monroe, le 7 Octobre aux Editions du Seuil, France Culture vous fait entendre en exclusivité mondiale des extraits de ses carnets intimes, révélant une Marilyn inconnue.
Une soirée présentée par Arnaud Laporte.
Entrée libre sur réservation: comfranceculture@radiofrance.com
Article publié le 24 septembre 2010, en ligne sur parismatch.com
Le 7 octobre prochain, aux Editions du Seuil, sortira "Fragments", un ouvrage de 250 pages compilant photos personnelles, pensées et poèmes de Marilyn Monroe. Pour patienter, voici parmi les plus beaux clichés de la star, dans l'intimité ou sur les lieux de tournage de ses principaux films.
1. Une femme cultivée (1952) 2. Magnifique en bas-résille (1956) 3. Robe ajustée (1957)
4. Magnifique sirène (1957) 5. Et Dieu créa la femme (1953) 6. Avec Yves Montand (1960)
7. Photo de jeunesse (1948) 8. Calendrier (de 1955) 9. Chez elle (1953)
10. Au téléphone (1948) 11. En robe de mariée (1942) 12. Marilyn à deux ans (1928)
13. Sublime robe rouge (1952) 14. Photo au petit chien (1950)
Article publié le 13 septembre 2010, par Thomas Lapointe en ligne surlexpress.fr
Kevin McCarthy dans L'invasion des profanateurs de sépulture de Don Siegel (1956)
Kevin McCarthy, un des vétérans d'Hollywood, vient de s'éteindre à l'âge de 96 ans.
Né en 1914 à Seattle, l'acteur Kevin McCarthy, qui débuta sa carrière à Broadway à la fin des années 30 avant d'être un des fondateurs de l'Actor's Studio, est mort samedi à l'hôpital de Cape Cod, dans le Massachussetts, rapporte le Los Angeles Times.
Après avoir incarner Biff Loman sur scène en 1949 puis au cinéma deux ans plus tard dans Mort d'un commis voyageur (avec une nomination à l'Oscar et un Golden Globe à la clé), son rôle du Docteur Miles Bennell dans L'invasion des profanateurs de sépultures, de Don Siegel, chef-d'oeuvre du cinéma de science-fiction des années 1950, lui apporte la notoriété.
Parmi la cinquantaine de films dans lesquels il joue ensuite, on retiendra notamment Les Désaxés de John Huston (1961) et Piranhas de Joe Dante (1978). Plus récemment, on l'a vu dans Remember me d'Allen Coulter aux côtés de Robert Pattinsonet Emilie de Ravin.
Article publié le 26 août 2010, par Jean Soublin en ligne surlemonde.fr
Les chiens figurent depuis toujours dans la littérature universelle. Ils y jouent leur rôle de protecteurs, de gardiens, de confidents ou, comme chez les Baskerville, de menace. Maf, le narrateur de ce récit à peine romancé (mais tout de même assez fantasque), appartient à la race des bichons. D'origine anglaise au contraire de son créateur - un Ecossais talentueux apprécié et primé dans son pays -, Maf grandit dans un milieu d'intellectuels où l'on célèbre volontiers Christopher Isherwood, Vita Sackville-West et Virginia Woolf. Tous ces écrivains avaient des chiens à qui ils ont donné une notoriété littéraire comme d'autres avant eux. L'auteur le rappelle d'ailleurs avec un aide-mémoire sur les grands chiens de lettres, comme le bouledogue Pelléas de Maeterlinck.
Une fois établie la supériorité des canins sur leurs maîtres, fussent-ils écrivains couronnés ou artistes novateurs, l'auteur peut réaliser son projet : narrer, ou plutôt étudier les deux dernières années de Marilyn Monroe, telles que les vit Maf, emmené aux Etats-Unis pour y être vendu et finalement donné à Marilyn par Frank Sinatra. Il s'agit, on s'en souviendra, d'une époque passionnante de l'histoire américaine avec au moins trois événements cruciaux : la guerre en Asie, le combat égalitaire des Noirs et l'élection de Kennedy. Sans trop s'attarder sur les faits, l'auteur rend compte de cette atmosphère de changement, des espoirs, des angoisses et des controverses qu'elle répand dans la société.
Marilyn, qui vient de tourner les Misfits et de divorcer d'Arthur Miller, est au faîte de sa gloire. Elle vit à New York et fréquente assidûment - éperdument ? - sa psychiatre, Mme Kris. Elle tente aussi de réaliser un rêve : celui de briller au théâtre, ce qu'elle essaie de faire sous la férule de Strasberg. Elle n'y parviendra pas. Sans s'appesantir sur ces faits, aujourd'hui très connus, O'Hagan étudie les états d'âme de son héroïne, la tristesse, les doutes, les espoirs tels que les perçoit dans l'intimité le bichon subtil, attentionné, compatissant, parfois moqueur quand il parle de sa maîtresse à d'autres chiens qu'il croise.
On quitte New York, il y a quelques scènes bruyantes avec Sinatra, puis d'autres, touchantes, au cours d'un voyage au Mexique. Marilyn, apprend-on, y rencontra le comique Cantinflas, formidablement populaire à cette époque dans toute l'hispanité. De retour à Hollywood, la comédienne y achète sa dernière maison. C'est l'époque du désastreux tournage de Something Has Got to Give, sous l'oeil impitoyable de Dean Martin. Entre deux prises, Norma Jean coupe les ponts avec un homme qu'elle a longtemps cru être son père. On commence à envisager un aller-retour à New York pour l'anniversaire de Kennedy...
SPÉCIALISTES ET AMOUREUX
Tous ces faits sont naturellement connus des spécialistes et innombrables amoureux anonymes de la vedette dont certains, on peut déjà le prévoir, maudiront l'auteur pour ses choix, ses silences et peut-être ses erreurs s'il en a commis. Reste, sur le plan littéraire, la question du chien Maf, de ses commentaires apitoyés ou sévères sur les comportements de l'actrice, de ses conversations avec d'autres animaux. Il énervera sans doute les gardiens du trône, les adorateurs de la blonde torturée par elle-même (1). Un sacrilège, peut-être, mais un sacrilège intéressant.
* Vie et opinions de Maf le chien et de son amie Marilyn Monroe (The Life and Opinions of Maf the Dog, and of His Friend Marilyn Monroe) d'Andrew O'Hagan. * Traduit de l'anglais par Cécile Deniard, Christian Bourgois, 348 p., 21 €.
*(1) Le 7 octobre sortira au Seuil Fragments, recueil de poèmes, carnets intimes et lettres de l'actrice (33 photos et 101 fac similés, traduit de l'anglais par Tiphaine Samoyault, 272 p., 29,80 €).